mercredi 31 mai 2017

EVERY THING WILL BE FINE de Wim WENDERS (2015)


Every Thing Will Be Fine est un film dramatique germano-canado-norvégien en 3-D de Wim Wenders, sorti en 2015. Le film a été présenté en février hors compétition lors de la Berlinale 2015 ainsi qu'au Festival de Toronto. En France, malgré la notoriété du réalisateur, sa sortie a été restreinte aux salles d'art et d'essai. Je l'ai vu aujourd'hui sur Arte.

Synopsis

Tomas (James Franco) est écrivain. En panne d'inspiration pour son nouveau roman, il s’est retiré dans une cabane de pêcheurs isolée au milieu de l'hiver canadien. En allant retrouver sa compagne, il percute deux enfants qui faisaient de la luge sur une route enneigée. L’un d’eux est tué. Bien qu’il ne soit pas responsable de ce qui est arrivé, Tomas ne parvient pas à surmonter ce traumatisme et s’enfonce dans la dépression. Il quitte sa compagne, fait une tentative de suicide puis peu à peu se remet à l'écriture en utilisant cet épisode de sa vie. Ce troisième roman est couronné de succès. 

Tomas éprouve alors le besoin de revoir les lieux de l'accident, la mère des enfants (Charlotte Gainsbourg), la maison devant laquelle s'est déroulé le drame. Il passe toute une nuit auprès d'elle qui ne cesse de lui répéter qu'il n'est pas coupable, que c'était à elle de surveiller ses fils. 

La carrière de Tomas décolle, il se marie avec Ann (Marie-José Croze), adopte son adorable fillette, Mina, devient riche et célèbre alors que la mère de l'enfant continue à mener une existence modeste, solitaire en compagnie de son fils aîné, Christopher (Robert Naylor). Devenu adolescent celui-ci va tenter de se rapprocher de Tom, lui reprochant implicitement d'avoir utilisé le drame pour le dépasser et réussir sa vie professionnelle et personnelle. Après une crise conflictuelle entre l'adolescent et Tom, les choses semblent s'apaiser.

Mon opinion sur ce film

Esthétiquement, le film est très beau (photographie de Benoît Debie) avec des images saturées et des lumières envoûtantes, soutenues par la musique répétitive d’Alexandre Desplat. On retrouve l’attrait de Wim Wenders pour la lenteur et le découpage des paysages, vus à travers les fenêtres qui lui servent de cadre. On ne peut s’empêcher de penser au peintre Edward Hopper mais aussi à certains plans du Ghost Writer de Polanski (dont la musique a aussi été écrite par le même Desplat).  Ayant  vu le film lors de sa diffusion à la télévision, je ne l’ai pas vu en 3D. Je me demande d’ailleurs ce que cette technique peut apporter à ce genre de film plus contemplatif que spectaculaire.

Hormis cette beauté formelle, que dire du contenu du film ? L’histoire, à partir du scénario de Bjørn Olaf Johannessen, est, en soi, dramatique : la mort d’un enfant lors d’un accident stupide dans lequel on ne peut incriminer personne, si ce n’est l’insouciance des enfants. Mais, est-ce dû à la manière de filmer de Wenders, est-ce dû au jeu des personnages, très intériorisé, presque mutique - que ce soit celui de James Franco, de Charlotte Gainsbourg ou même du jeune Robert Naylor, l’ensemble reste froid, comme si le réalisateur observait ses personnages en entomologiste.

Mais, ce parti-pris est sans aucun doute un choix du réalisateur et nous rappelle par moments son chef d’œuvre Les Ailes du désir, où les anges observent de loin les hommes qui s’agitent sous leurs yeux sans pouvoir interférer avec eux au risque de perdre leur statut angélique.

Outre que le film est marqué par le style de Wenders, on peut toutefois comprendre cette volonté de minimalisme pour rendre le traumatisme de cet écrivain qui ne se pardonne pas la mort d'un enfant et se sent responsable du devenir de sa mère et de l'adolescent survivant.

Mais, outre que le film paraît terriblement long (alors qu’il ne dure que 118 minutes), le spectateur a du mal avec le mutisme des personnages, leurs visages fermés, et leur absence de manifestations de sentiments. En bref, on reste sur sa faim. Rien d’étonnant à ce que le film ait fait un bide dans les salles et qu'il soit mal noté (note moyenne 2,8/5 sur Allociné, 17% sur Rotten Tomatoes et 4,3/10 sur Metacritic.  

lundi 29 mai 2017

Joaquin PHOENIX ACTEUR VEGAN


L’acteur Joaquin Phoenix est végan

Télérama (28 février 2015) a consacré sa couverture à Joaquin Phoenix en le présentant avec son chien sous le titre « Bête de cinéma ». Dans l’interview, l’acteur affirme ses convictions véganes. Il est d’ailleurs, depuis longtemps, porte-parole de l’association People for the Ethical Treatment of Animals. Il avait aussi prêté son image à l’association internationale PETA pour lutter contre la pêche, et, toujours pour Peta, dénoncé l’enfer des chiens exploités pour leur cuir en Chine. Entre bien d’autres actes militants, il s’est érigé contre la cruelle tradition de consommer des dindes à Thanksgiving et a posé durant la Fashion Week pour une affiche luttant contre l’utilisation de fourrure d’origine animale. Il est aussi connu des militants pour les droits des animaux en tant que voix off du célèbre documentaire antispéciste Earthlings.


Acteur multi récompensé (en particulier lors du dernier Festival de Cannes où il a reçu le Grand prix d'interprétation masculine pour son rôle dans You where never really here de Lynne Ramsay), Joaquin Phoenix n’a jamais transigé avec ses convictions, quels que soient les rôles qu’il interprétait.  Lorsqu’il a joué dans Gladiator, de Ridley Scott, par exemple, il a exigé que l’intégralité de ses costumes de scène soient dépourvus de cuir et de toute matière animale ; les tigres luttant contre les gladiateurs dans l’arènes étaient quant à eux en images de synthèse.

Télérama est un des rares médias qui ait osé parler des convictions animalistes de l’acteur qu’il met en lumière… A l’époque où Interstellar faisait le buzz, il était rageant de voir l’actrice américaine Jessica Chastain, elle aussi engagée en faveur du véganisme, invitée sur tous les plateaux télé et interviewée dans les journaux sur tous les sujets possibles sans que jamais une question sur ses convictions ne lui soit posée.

Dans Télérama, interrogé sur les idéaux hérités de ses parents, Joaquin Phoenix s’exprime ainsi :

« Une grande considération pour les autres et pour le monde dans lequel nous vivons. Une réelle défiance vis-à-vis du matérialisme et de la consommation à tout prix. (…) Ils voulaient avant tout que nous apprenions à être libres et que nous ne nous soumettions pas aux conventions. (…) Ils sont même devenus végétaliens parce que leurs enfants l’avaient voulu ».

L’acteur raconte la genèse de son véganisme :

« A l’époque, ça n’était pas trop dans l’air du temps. Et, pour une famille aussi pauvre que la nôtre, ça n’avait rien d’évident de composer ses repas sans lait, sans œufs, sans fromage… Nous ne refusions aussi pas mal d’argent. Nous n’acceptions pas n’importe quel contrat. (…) Pas question de faire une publicité pour McDonald’s ou pour toute marque qui allait contre nos convictions. Nous nous coupions quand même de 70% des revenus possibles ! »


[Le contenu de cet article est en grande partie inspirée de celui signé Lili Gondawa, intitulé Joaquin Phoenix évoque son véganisme pour Télérama sur le site Végactu : https://www.vegactu.com/actualite/joaquin-phoenix-evoque-son-veganisme-pour-telerama-18559/]

James CAMERON PREND PARTI POUR LE VEGANISME



James Cameron prend parti pour le véganisme

Bonne nouvelle : James Cameron, le grand réalisateur américain Titanic, de la saga des Terminator et du très poétique Avatar (fable éminemment écologiste), va sortir un documentaire consacré au mode de vie végétarien. Son dernier film Avatar-2 : La voie de l'eau (sorti en 2022 après 13 ans d'attente) est une réussite cinématographique et défend la même philosphie (*) 

James Cameron a annoncé qu'il réalisait un documentaire sur le mode de vie végan, donnant à voir des athlètes de très haut niveau et des scientifiques visionnaires...

Le célèbre réalisateur américain n’en est pas à son coup d’essai dans le monde de la défense animale. Après avoir ouvert son propre restaurant vegan, et être devenu végétalien, il s’attache désormais à la tâche la plus fastidieuse : informer le plus grand nombre en réalisant un documentaire intitulé The Game Changers.

Producteur exécutif du documentaire, James Cameron s’est entouré du réalisateur Louis Psihiyos, connu pour sa dénonciation du massacre des dauphins dans le documentaire The Cove. Un autre producteur de taille est aussi associé au projet, James Wilks. Peu connu en France, ce dernier a gagné la saison 9 de The Ultimate Fighter (une téléréalité américaine dédiée aux arts martiaux libres), et il est aussi entraîneur d’élites pour les marines américaines…

The Game Changers devrait sortir fin 2017. Pour vous tenir au courant de l’évolution du film, rendez-vous sur le site officiel du documentaire.


(*) Malheureusement, grosse bévue du réalisateur, en totale contradiction avec son engagement écologique et végan affiché : James Cameron n'a rien trouvé de mieux, pour la sortie d'Avatar-2 : La voie de l'eau au Japon, que d'assister à un spectacle promotionnel avec des dauphins alors que tout le monde sait que ceux-ci sont annuellement massacrés dans la baie de Taiji, thème du documentaire oscarisé The Cove (voir plus haut). Incompréhensible !!!  


dimanche 28 mai 2017

70ème FESTIVAL DE CANNES


Cette année se tenait le 70ème Festival de Cannes.

Le Festival de Cannes fut fondé en 1946 sur un projet de Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-arts du Front populaire, qui fut assassiné par la milice en 1944.

Le festival de Cannes est devenu, au fil des années, le festival de cinéma le plus célèbre au monde, notamment lors de la cérémonie d'ouverture et la montée des marches : le tapis rouge et ses vingt-quatre « marches de la gloire ». Le Festival est aussi beaucoup critiqué, et fut à l'origine de plusieurs scandales ou controverses que relayèrent magazines et journaux, français et étrangers.
Chaque année, durant la seconde quinzaine de mai, des cinéastes, des vedettes, des professionnels de l'industrie cinématographique (producteurs, distributeurs, vendeurs internationaux…) et des milliers de journalistes se déplacent à Cannes. Les principales projections ont lieu au palais des festivals et des congrès, situé sur la promenade de la Croisette.

Parallèlement à la sélection officielle du Festival (films en et hors compétition), plusieurs sections ont été créées au fil des ans. Parmi elles, on retrouve la Quinzaine, la Cinéfondation, la Semaine de la critique, Un certain regard, et surtout le Marché du film de Cannes, le premier marché du film au monde, en importance, avec 11 000 participants.

Ce festival, au départ simple manifestation touristique et mondaine, a été créé pour récompenser le meilleur film, le meilleur réalisateur ou le meilleur acteur et la meilleure actrice d'une compétition internationale de films. Plus tard, d'autres prix décernés par un jury de professionnels, d'artistes et d'intellectuels, sont apparus, comme le Prix du Jury, le Grand Prix et surtout la Palme d'or. La question se pose quant à créer un Prix de la musique originale. Aujourd'hui, la sélection officielle se veut le reflet de la production cinématographique mondiale. La compétition met généralement en exergue le cinéma d'auteur ou de recherche.

Cette année, le président du jury était Pedro Almodovar en remplacement de Roman Polanski, écarté en raison de l’affaire de mœurs pour laquelle la justice américaine le poursuit depuis 40 ans. La maîtresse de cérémonie était Monica Bellucci. Il était cependant présent à Cannes pour présenter son dernier film D’après une histoire vraie, thriller adapté d’un roman de Delphine de Vigan avec Emmanuelle Seigner et Eva Green, unanimement éreinté par la critique.

L’autre grande polémique a été de savoir si deux films, financés par la chaîne américaine de vidéo à la demande Netflix, Okja et The Meyerowitz Stories, allaient pouvoir concourir et être primés , en raison de leur mode de distribution hors du circuit des cinémas traditionnels. Bien que sélectionnés dans la sélection officielle, ils n’ont finalement pas été primés.   

Palmarès

Prix
Attribué à
Pays
Prix du scénario (ex-æquo)
Yórgos Lánthimos pour Mise à mort du cerf sacré (The Killing of A Sacred Deer)
Prix spécial anniversaire pour les 70 ans du festival
Nicole Kidman pour l'ensemble de son œuvre
Courts métrages
Attribué à
Pays
Une nuit douce (Xiao Cheng Er Yue) de Yang Qiu
Mention spéciale
Le Plafond (Katto) de Teppo Airaksinen
Caméra d'or
Attribué à
Pays

vendredi 12 mai 2017

MOI, CESAR, 10 ANS 1/2, 1 m 39 film de Richard BERRY (FR-2003)



Moi César, 10 ans ½, 1m39 est un film français réalisé par Richard Berry, sorti en 2003.

Résumé

César (Jules Sitruk) habite à Montmartre. Il a 10 ans et demi et mesure 1,39 m. Garçon rond, plutôt timide mais réfléchissant énormément sur sa condition d'enfant, adorant les desserts et les pâtisseries, est très amoureux de Sarah Delgado (Joséphine Berry), la première de la classe décrite comme la « plus belle fille de l'école », qui est aussi dans le cœur de Morgan Boulanger (Mabô Kouyaté) le meilleur ami de César.

Morgan, qui ne connaît pas son père, décide d’aller le retrouver à Londres où celui-ci réside. Sarah, qui parle très bien anglais parce que sa mère est d’origine anglaise, et César, son meilleur ami, l’accompagnent. Sur leur chemin, ils croisent Gloria (Anna Karina), une cinquantenaire sympathique et protectrice, qui va les aider dans leur folle aventure afin de retrouver Mr Fitzpatrick (Charley Boorman), le père de Morgan. Les trois amis partent sans rien dire à leurs parents dans un voyage qui leur réservera bien des aventures.

Autour du film

Le film a été présenté au Festival des films du monde de Montréal le 28 août 2003.
On peut voir dans le film des extraits et une parodie de Pulp Fiction. Maria de Medeiros, qui joue le rôle de la mère de César jouait Fabienne, la petite amie de Bruce Willis dans ce film.
C'est le deuxième film en tant que réalisateur de Richard Berry après L'Art (délicat) de la séduction (2001).

C'est Joséphine Berry, la fille du réalisateur, qui interprète le personnage de Sarah, qui s'inspire d'ailleurs d'elle-même.

Katrine Boorman, qui interprète la mère de Sarah, est la fille du réalisateur John Boorman. Vingt ans après Excalibur, elle retrouve son frère Charley, qui jouait aussi dans ce film.

Jean-Paul Rouve et Jules Sitruk s'étaient déjà croisés sur le tournage de Monsieur Batignole (2002) réalisé par Gérard Jugnot.

Richard Berry a choisi de filmer presque tout le film à hauteur des enfants :

« Je souhaitais replacer les choses dans ce regard des premières années. Tout ce que vit le personnage est perçu uniquement de son point de vue. Je suis donc parti de ce principe de subjectivité absolue, à travers mes propres expériences transposées. » Richard Berry

À l'origine, Richard Berry souhaitait un jeune acteur avec un certain embonpoint pour le personnage de César. Jules Sitruk dut alors porter des prothèses pour le grossir.

Mon opinion sur ce film


L'idée de départ était bonne : trois copains partent à la recherche du père de l'un d'entre eux sans se préoccuper des dangers et des risques qu'ils auront à braver. Mais le scénario est vraiment trop indigent pour qu'on y croie une minute. Dommage, car ce film gentillet se laisse cependant regarder malgré tous ses défauts : situations improbables, trop nombreux clichés sur l’enfance… Il faut dire qu'il repose exclusivement sur la prestation pétillante et la belle complicité des trois enfants, Jules Sitruk, en premier, qui joue le rôle de César. Après avoir interprété d’autres rôles où on l’avait particulièrement remarqué, Sans famille, 2000 et surtout Monsieur Batignole, 2002, sa bouille sympathique le rend toujours aussi craquant. Les deux autres jeunes acteurs, Mabô Kouyaté et Joséphine Berry, la fille de Richard Berry, sont aussi excellents et dament largement le pion à tous les acteurs adultes qui passent, pour la plupart (à part Jean-Paul Rouve et surtout Anna Karina), au second plan.   

Dans le même esprit, vous pouvez voir :