mardi 30 décembre 2014

PLEIN SOLEIL de René Clément (FR - 1960 remastérisé 2013)


Plein Soleil, film réalisé par René Clément, a été tourné entre le 3 août et le 22 octobre 1959. Il est sorti sur les écrans le 10 mars 1960. Le film remastérisé est ressorti en juillet 2013.

Il s'agit de la première adaptation du best-seller de Patricia Highsmith : M. Ripley, dont un remake a été réalisé 40 ans plus tard par Anthony Minghella sous le titre Le talentueux Mr. Ripley avec, dans les rôles principaux, Jude Law (Dickie Greenleaf) et Matt Damon (Tom Ripley).  

Résumé

Herbert Greenleaf, un milliardaire américain, donne mission à Tom Ripley (Alain Delon), un étudiant rencontré par hasard, qu’il croit être un ami de son fils Philippe (Maurice Ronet), la mission de convaincre ce dernier, en vacances prolongées en Italie avec sa petite-amie Marge (Marie Laforêt), de revenir aux USA pour le seconder dans ses affaires. 

Tom, qui n'a jamais voyagé et rêve depuis toujours de connaître l'Italie, part tous frais payés et parvient à devenir un familier de Philippe Greenleaf. Dans un premier temps, Philippe traite Tom comme un ami puis, lassé de lui, il l'humilie. Lors d'une sortie en mer, Tom, excédé par les vexations de Philippe, assassine ce dernier puis usurpe son identité.

Distribution

  • ·         Alain Delon : Tom Ripley/Philippe Greenleaf
  • ·         Marie Laforêt : Marge Duval
  • ·         Maurice Ronet : Philippe Greenleaf
  • ·         Elvire Popesco : Madame Popova
  • ·         Billy Kearns : Freddy Miles

C’est Plein Soleil qui fit d’Alain Delon, qui avait pourtant déjà tourné 6 films, une star planétaire à 25 ans. Voici ce qu’écrivent dans Télérama Laurent Rigoulet et Guillemette Odicino à l’occasion de la sortie du film remastérisé en juillet 2013.

« Voici trois raisons de voir ou de revoir ce film qui a notamment donné naissance à un monstre du cinéma, Alain Delon. Patricia Highsmith n'a pas vécu assez longtemps pour voir Matt Damon incarner son héros ambigu, Tom Ripley, dans le film qu'Anthony Minghella a tiré de son roman, Le Talentueux Monsieur Ripley, en 1998. Mais elle avouait volontiers un faible prononcé pour l'adaptation réalisée en 1960 par René Clément, Full Sun, Blazing Sun ou Purple Noon en anglais, Plein Soleil pour la version originale. Pour la romancière, Alain Delon incarnait à la perfection l'élégant et troublant usurpateur de son livre et le réalisateur de Jeux interdits et de Monsieur Ripois signait la meilleure mise en scène d'une de ses œuvres, coiffant même haut la main Hitchcock et sa version de L'Inconnu du Nord-Express. Parmi les étiquettes mal ajustées qui collèrent à la carrière de René Clément, il y a d'ailleurs celle d'« Hitchcock français », maître du thriller et de la stylisation à qui Hollywood faisait les yeux doux. Quand Martin Scorsese a orchestré la restauration et la redécouverte de Plein Soleil aux Etats-Unis en 1996, la critique s'est emballée pour la noirceur et l'ambiguïté d'une mise en scène « que n'aurait pas renié Hitchcok », relevant un goût pour la perversion qui met le spectateur au défi de ne pas s'attendrir pour le beau Delon, « placide psychopathe ». Un chef-d'œuvre de thriller psychologique, du genre à donner la chair de poule », écrivait le Washington Post. Les Américains s'entendaient cependant sur un point : ils regrettaient que René Clément n'ait pas eu l'aplomb de suivre Patricia Highsmith jusqu'au bout de son ambivalence morale et qu'il se soit permis d'inventer un épilogue à sa manière. » Epilogue qui, personnellement, m'a beaucoup déçu d'autant qu'il contredit grossièrement l'intelligence et la finesse que le héros démontre tout au long du film.

Personnellement, je préfère de beaucoup la version de Minghella, Le talentueux Mr. Ripley, avec Jude Law dans le rôle de Dickie Greenleaf et Matt Damon, dans celui de Ripley, qui est pour moi un chef-d’œuvre absolu mais je reconnais que l’adaptation de René Clément du même roman, 40 ans plus tôt, n’est pas sans mérite.

On peut se demander lequel des deux films est resté le plus fidèle au roman. Dans Plein Soleil, Alain Delon joue un personnage froid et sans scrupules qui a une revanche à prendre sur la société et prémédite son crime. Il campe un Tom Ripley sûr de lui et de la séduction animale qu’il dégage. Sous un visage d’ange, c’est un être diabolique par lequel on est plus fasciné que séduit. 

Dans le film de Minghella, au contraire, Matt Damon nous est, dès l'abord, sympathique et le restera jusqu'après ses méfaits. Au début, en effet, Damon incarne un garçon timide, effacé, qui se laisse entraîner par ses émotions et réagit aux circonstances sans vraiment réfléchir, ce qui le met dans des situations où il frôle chaque fois la catastrophe, se rétablissant toujours in-extremis. L'acteur est éblouissant dans ce rôle complexe, passant du gentil jeune homme bien élevé au criminel, puis à l’usurpateur assumé. On ne peut en vouloir au Ripley de Minghella car c’est une victime des événements qui s’enchaînent et qu’il n’a rien prémédité. Bien que ce soit un criminel, on a envie qu’il s'en sorte car c’est un brave type et Greenleaf au contraire, un salaud qui n'a que ce qu'il mérite. En cela, la version de Minghella et l'interprétation de Matt Damon est plus fidèle au livre de Patricia Highsmith que celle de René Clément. 


Mais on doit reconnaître que la version du réalisateur français est plus réussie sur le plan purement cinématographique que celle de Minghella car il a fait de la mer bleu azur, qui offre un contrepoint parfait au regard bleu acier du jeune Delon, un véritable personnage de son film. On y ressent aussi peut-être plus l’ambiance de Dolce Vita et il a su restituer la beauté de l’Italie, notamment de Rome, qui passe au second plan dans le film américian. Il faut dire que la musique originale du film français, composée par Nino Rotta, n'est sans doute pas pour rien dans cette réussite même si la bande son du film de Minghella est, elle aussi, remarquable en particulier lorsque Jude Law et Matt Damon chantent sans être doublés la fameuse chanson Tu Vuo' Fa' l'Americano.

En conclusion : bien difficile de trancher sur les mérites relatifs de l'une et l'autre adaptation car toutes deux ont leurs qualités. Ce sont en tout cas deux films magnifiques qu'il faut avoir vus.

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