samedi 3 mai 2014

THE QUEEN de Stephen FREARS (GB - 2006)


Film britannique de Stephen Frears, sorti en 2006.

Synopsis

"The Queen" relate les réactions de la reine d'Angleterre et de la famille royale,  alors qu'ils passent l'été à Balmoral en Ecosse, lorsqu'ils apprennent la nouvelle, pendant l'été 1997, l'accident mortel de la princesse Diana à Paris. La réaction de la famille royale qui, dans un premier temps, n'a pas voulu changer quoi que ce soit à ses habitudes en prenant prétexte du protocole, a été mal comprise par le peuple anglais et le monde entier. Devant la pression populaire et celle de Tony Blair, récemment élu 1er ministre "socialiste",  qui en fin politique comprend que si le Palais ne sort pas de sa réserve, la monarchie est en péril, convainc la reine de revenir à Londres et de faire des funérailles nationales à la princesse Diana.

Le film retrace tous ces évènements, vus du côté de la famille royale anglaise, depuis la nouvelle de l'accident, en pleine nuit alors que la reine et le prince dorment dans leur chambre à coucher de Balmoral, jusqu'à l'enterrement avec les honneurs nationaux, de Lady Diana.

Mon opinion sur ce film

Bien que le film ne soit pas totalement exempt d'imperfections, c'est sans doute à ce jour pour moi le plus grand film de Stephen Frears. Il est tellement étonnant de justesse qu'on se demande par moments si le réalisateur n'a pas tourné en  "caméra cachée", planqué derrière quelque guéridon du château de Balmoral, ou dans un coin du bureau royal de Buckingham Palace ou encore dans la cuisine du n°10, Downing Street.
Il faut dire que le film repose sur les épaules d'une extraordinaire actrice anglaise, Helen Mirren, qui incarne une reine Elisabeth plus vraie que nature (ce rôle lui a d’ailleurs valu l'Oscar 2006 de la meilleure actrice) : tout y est, son ton, ses lèvres pincées, son autoritarisme, son humour aussi, et même ses attitudes (Ah, la façon qu'elle a de tenir son sac à main!!!) Les autres acteurs - à part Michael Sheen, qui est assez crédible dans le rôle de Tony Blair, même s'il ne lui ressemble pas vraiment - assument passablement leur rôle (la plus grave erreur de casting étant le prince Charles).

Le film n'en est pas moins d’une réjouissante méchanceté pour la description minutieuse que nous fait Stephen Frears du petit monde clos de la royauté britannique, si complètement coupé de la réalité des "vrais gens" que l'on en reste à  la fois stupéfait et choqué. La terrifiante froideur que montre la reine Elisabeth pour sa belle-fille, la véritable haine que lui voue tout le reste de la famille royale (les pires étant le prince Philip ou la si "charmante" reine-mère) et toute la "clique" (on a du mal à appeler cela une "cour" tant leur déliquescence nous paraît odieuse) de petites mains qui papillonnent en se donnant de grands airs autour de la personne de la reine.

Le film analyse avec finesse la crise politique qui faillit entraîner rien de moins que la chute de la royauté britannique et combien elle doit être reconnaissante à l'intelligence d'un seul homme, Tony Blair qui, ayant pris la mesure de la réaction des Anglais, a su convaincre la reine et ses affidés que, si elle ne montrait pas plus de compassion pour Lady Di, adorée du peuple et du monde entier, son cher peuple demanderait sa tête.

On est là dans un jeu complexe où le pouvoir, les sentiments et la morale sont au service de la politique.

L'un des rares moments où la reine nous est sympathique, c'est  celui où, à Balmoral, après avoir cassé l'arbre de direction de sa Land-Rover en voulant traverser un gué (bien fait, se dit on !), elle se retrouve seule face à un magnifique cerf. La scène est esthétiquement superbe et on est ému par ce fugace instant d'humanité  que montre la souveraine (face à un animal !) alors qu'elle est incapable d'avoir la moindre compassion pour sa belle-fille. 

En voyant ce film, on est partagé entre deux sentiments, le mépris pour l'incroyable côté "petit bourgeois" de ces personnes qui croient diriger le monde alors qu'elle ne sont que vacuité et inutilité et la pitié que l'on ressent devant l'impossibilité dans laquelle elles se trouvent de remettre en question leur mode de vie, leurs habitudes sclérosées et en décalage complet avec la société qu'ils prétendent diriger. On se prend à penser que la situation n'était pas si différente en 1793 pour Louis XVI et Marie-Antoinette et on se dit que la monarchie anglaise est passée ce jour-là à deux doigts de sa perte. On est aussi surpris de se dire qu'un tel film n'ait pas suscité, de la part du pouvoir, une réaction plus violente car la charge est telle qu'on se demande comment le système monarchique anglais a pu y survivre.
L'émotion est aussi évidemment déclenchée tout au long du film par les images d'archives : l'accident, l'incroyable déploiement de sympathie du peuple anglais vis à vis de la "princesse du peuple", et de scènes reconstituées ou tout simplement inventées (quoique...).

Un film absolument remarquable que l'on doit voir (ou même revoir), pour ceux qui le peuvent, en version originale car, même si le doublage est excellent, la langue anglaise donne aux dialogues une irremplaçable touche "So British"!  

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