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dimanche 10 mars 2019

GRACE A DIEU film de François OZON (FR-BE 2019)



Grâce à Dieu est un drame franco-belge réalisé par François Ozon, sorti en 2019. Œuvre de fiction inspirée de l'affaire Preynat, le film relate le combat judiciaire mené par des victimes d'abus sexuels sur mineurs dans le diocèse de Lyon.

Présentation

Alexandre Guérin[1] (Melvil Poupaud) habite Lyon. La quarantaine, il exerce la profession de cadre bancaire, est marié et père de cinq enfants. Sincèrement catholique, comme toute sa famille, il a confiance en l’Eglise. Mais un jour, après une conversation avec un camarade jadis scout comme lui, il se remémore les abus sexuels dont il fut victime, enfant, de la part d'un prêtre pédophile, le père Bernard Preynat (Bernard Verley). Alexandre décide alors de dénoncer les agissements du prêtre auprès de Monseigneur Barbarin (François Marthouret), archevêque de Lyon. Dans un premier temps, il est mis en contact avec la psychologue de l'archevêché, Régine Maire (Martine Erhel). Après plusieurs mois et de nombreux courriels, le cardinal Philippe Barbarin le reçoit enfin : il se dit horrifié par ce qu’il apprend et lui annonce qu’il va prendre des mesures immédiates contre le prêtre fautif. Mais Alexandre découvre que, malgré l'alerte de plusieurs parents, l'Église était au courant depuis longtemps des agissements du prêtre et qu’elle n’a jamais rien fait pour l’empêcher de continuer à nuire. Au cours d’une confrontation, provoquée par Régine Maire entre Alexandre et Preynat, celui-ci, qui pourtant reconnaît ses actes, se refuse à demander pardon à sa victime. Lassé des tergiversations de l’Eglise, et constatant que le père Preynat exerce toujours ses fonctions au contact des enfants, Alexandre décide de porter plainte contre lui tout en sachant que, dans son cas, les faits sont prescrits.

Le capitaine Courteau (Frédéric Pierrot), qui reçoit sa déposition, ne lui cache pas qu’il s’attaque à forte partie. C’est pourquoi, il se met en quête d’autres victimes pour lesquelles les faits ne seraient pas prescrits. C'est ainsi qu'il rencontre François Debord (Denis Ménochet) dont la première réaction est de refuser de parler jusqu’à ce que sa mère lui montre le volumineux dossier prouvant qu’elle avait alerté l’Eglise sur l’attitude de Preynat envers son fils. Horrifié par ce qu’il découvre, il décide de témoigner devant les médias et crée, à cette fin, l'association La Parole libérée. De nombreuses autres victimes le rejoignent, dont le chirurgien Gilles Perret (Eric Caravaca) et Emmanuel Thomassin (Swann Arlaud). Mais, si Alexandre, François et Gilles ont réussi à se reconstruire et surmonter leur passé, ce n’est pas le cas d’Emmanuel, qui garde de lourdes séquelles psychologiques et physiques de son enfance. Il est néanmoins soutenu par Irène, sa mère (Josiane Balasko) qui acceptera même bénévolement de tenir le standard de l’association.

Soumis à une pression grandissante et pressé d'agir par Régine Maire, le cardinal Barbarin organise une conférence de presse. Mais, devant les journalistes, il laissera échapper cette terrible phrase :
« Grâce à Dieu, les faits sont prescrits » qui sert de titre au film.

L'association obtient la mise en examen du père Preynat, qui reconnaît les faits. Les plaignants espèrent que leur action interpellera la hiérarchie catholique.

Le film est sorti avant la condamnation, le 7 mars 2019, de Monseigneur Barbarin pour non-dénonciation d’abus sexuels à 6 mois de prison avec sursis, qui, malgré son indulgence, représente une grande victoire pour les victimes. Mais la plus grande victoire est sans doute qu’il a, dans la foulée, présenté sa démission au pape. Cependant, curieusement, le père Preynat, principal responsable des violences sexuelles, n’a pas encore été jugé bien qu’il ait toujours reconnu les faits qu’on lui reprochait.

Autour du film

Le film a été tourné en secret, sous le faux-titre « Alexandre ». Les scènes d'intérieur dans les églises ont été tournées en Belgique et au Luxembourg, pas en France.

 Avant sa sortie en salle prévue le 20 février 2019, le réalisateur François Ozon a été assigné par deux fois en référé, la défense ayant essayé d’en obtenir, sinon l’interdiction, du moins le report et le retrait de la bande sonore des noms de Régine Maire et Bernard Preynat en raison de la protection de la vie privée pour la première et de la présomption d'innocence pour le second. François Ozon se défend d'avoir établi un portrait à charge contre Régine Maire[2] et estime que son film « n’invente ni ne dit rien qui n’ait déjà été porté à la connaissance du public par la presse, les livres ou les documentaires consacrés déjà à cette affaire ». Le 18 février 2019, le tribunal de grande instance de Paris se prononce pour la sortie du film à la date initialement prévue, en relevant que le procès de Bernard Preynat n’est ni fixé ni prévu à une date proche et qu'un report « pourrait à l’évidence conduire, compte tenu des divers recours possibles, à ne permettre la sortie du film que dans plusieurs années » dans des conditions qui « porteraient atteinte à la liberté d’expression et de création » et « créeraient des conditions d’exploitation économiques insupportables ». Par ailleurs, le recours de Régine Maire, qui souhaitait que son nom soit retiré du film, est rejeté par le tribunal de grande instance de Lyon mardi 19 février 2019.

Récompenses

Le film, présenté en avant-première à la Berlinale 2019, y a été récompensé par l’Ours d’argent du Grand prix du Jury.

Mon opinion

Aucun des films que j’ai vus de François Ozon ne m’a jamais déçu. J’ai trouvé ce dernier très réussi : il s’apparente plus à un documentaire qu’à une fiction présentant des faits sans pathos et sans interprétations, laissant le spectateur juger lui-même de la gravité de ce qu’il voit. La distribution est parfaite : un grand coup de chapeau aux acteurs et plus particulièrement à ceux qui interprètent les rôles les plus négatifs, ceux du prêtre pédophile et celui du cardinal Barbarin.  



[1] Les noms des protagonistes ont été conservés mais ceux des victimes ont été modifiés.
[2] Et, en effet, après avoir vu le film, je peux témoigner que c’est le cas. Au contraire, R. Maire est présentée comme quelqu’un qui a toujours eu, depuis le début de l’affaire, une attitude impartiale, ayant tout fait pour convaincre le cardinal Barbarin de sanctionner le prêtre.  

mardi 26 mai 2015

Ludivine SAGNIER (Actrice française)



Ludivine Sagnier est une actrice française, née le 3 juillet 1979 à Saint-Cloud.

Biographie

Durant huit ans, Ludivine Sagnier prend des cours de théâtre à Sèvres avant d'accéder en 1994 au conservatoire de Versailles. Elle y remportera les premiers prix aux concours classique et moderne.
Elle deviendra l'actrice fétiche de François Ozon avec qui elle tourne trois films qui la révéleront au grand public, collaborant avec les réalisateurs Alain Resnais, Yvan Attal, Claude Miller, Claude Chabrol dans La Fille coupée en deux et plus récemment avec Christophe Honoré dans Les Chansons d'amour.

Carrière

Ludivine Sagnier obtient son premier rôle à neuf ans dans le film Les Maris, les Femmes, les Amants puis elle enchaînera les rôles (34 films et 11 téléfilms) avant de devenir une actrice importante de la nouvelle génération.

Filmographie

  • 1989 : Les Maris, les Femmes, les Amants de Pascal Thomas - Élodie
  • 1989 : I Want to Go Home d'Alain Resnais - La petite fille de la place du village
  • 1990 : Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau - La petite sœur
  • 1999 : Rembrandt de Charles Matton - Cornelia
  • 1999 : Les Enfants du siècle de Diane Kurys - Hermine Musset
  • 2000 : Toothache de Ian Simpson - Anna
  • 2000 : Gouttes d'eau sur pierres brûlantes de François Ozon - Anna
  • 2000 : Bon plan de Jérôme Lévy - Clémentine
  • 2001 : Un jeu d'enfants de Laurent Tuel - Daphné, la baby-sitter
  • 2001 : Ma femme est une actrice d'Yvan Attal - Géraldine
  • 2002 : Huit Femmes de François Ozon - Catherine
  • 2003 : Petites coupures de Pascal Bonitzer - Nathalie
  • 2003 : Swimming Pool de François Ozon - Julie
  • 2003 : La Petite Lili de Claude Miller - Lili
  • 2003 : Peter Pan de P. J. Hogan - La fée Clochette
  • 2005 : Une aventure de Xavier Giannoli - Gabrielle
  • 2005 : Foon de Benoît Pétré, Deborah Saïag, Mika Tard et Isabelle Vitari - La Reine du bal de l'an dernier
  • 2006 : Paris, je t'aime segment Parc Monceau d'Alfonso Cuaron - Claire
  • 2006 : La Californie de Jacques Fieschi - Hélène
  • 2007 : Un secret de Claude Miller - Hannah
  • 2007 : Molière de Laurent Tirard - Célimène
  • 2007 : Les Chansons d'amour de Christophe Honoré - Julie
  • 2007 : La Fille coupée en deux de Claude Chabrol - Gabrielle Deneige
  • 2008 : L'Instinct de mort de Jean-François Richet - Sylvia Jeanjacquot
  • 2008 : L'Ennemi public n°1 de Jean-François Richet - Sylvia Jeanjacquot
  • 2010 : Pieds nus sur les limaces de Fabienne Berthaud - Lily
  • 2010 : Crime d'amour d'Alain Corneau - Isabelle
  • 2011 : Les Bien-Aimés de Christophe Honoré - Madeleine jeune
  • 2011 : The Devil's Double de Lee Tamahori - Sarrab
  • 2013 : Amour et turbulences d'Alexandre Castagnetti - Julie
  • 2014 : Tristesse Club de Vincent Mariette - Chloé
  • 2014 : Lou ! Journal infime de Julien Neel - Emma
  • 2015 : La Résistance de l'air de Fred Grivois - Delphine
  • 2015 : Aujourd'hui, maman est morte de Charles Berling
Théâtre
  • 1998 : Il est important d'être fidèle d'Oscar Wilde, mise en scène Jean-Luc Tardieu, Maison de la Culture de Loire-Atlantique Nantes, Comédie des Champs-Élysées
  • 2012 : Nouveau roman de Christophe Honoré, mise en scène de l'auteur, tournée, Festival d'Avignon, Théâtre national de la Colline

jeudi 21 juillet 2022

PETER VON KANT de François OZON (FR-2022)

 


Peter von Kant est un film français écrit, produit et réalisé par François Ozon, sorti en 2022. Il s'agit de l'adaptation de la pièce de théâtre Les Larmes amères de Petra von Kant (Die bitteren Tränen der Petra von Kant) de Rainer Werner Fassbinder, déjà portée à l'écran dans un film sorti en 1972. Le film fait l'ouverture de la Berlinale 2022.

Résumé

Dans la pièce originale, l’héroïne était une femme, Petra von Kant, une créatrice de mode, veuve de son premier mari et divorcée du deuxième, qui vivait avec une styliste qu'elle maltraite. Petra s'éprend de Karin, une jeune femme d'origine modeste, interprétée par Hannah Schygulla, à qui elle promet une carrière de mannequin mais qui, une fois ses objectifs atteints, l’abandonne.

Pour cette transposition, Ozon s’est inspiré de la propre vie de Fassbinder, grand cinéaste et metteur en scène de théâtre allemand, décédé tragiquement en 1982 à l’âge de 37 ans. Peu avant sa mort, il travaillait à deux films, Querelle, d’après Jean Genet, et un film où Romy Schneider devait tenir le rôle principal. Mais le film n’a pu se faire à cause de la mort de la star qui précéda de douze jours celle de Fassbinder. Le film d’Ozon est bourré de clins d’œil à Fassbinder, notoirement homosexuel, avec rappels à Romy Schneider dont Isabelle Adjani (Sidonie) incarne en quelque sorte une troublante doublure, et surtout Hannah Schygulla, son actrice fétiche avec qui il avait tourné une 20e de films. Elle joue ici le rôle de la mère de Peter, Rosemarie.   

Dans les années 1970 à Cologne, Peter von Kant (Denis Ménochet) est un réalisateur célèbre d'une quarantaine d'années qui habite avec son assistant-secrétaire et homme à tout faire, Karl (Stefan Crepon), qui lui est totalement dévoué et qu’il traite avec mépris. Peter sort à peine d’une séparation lorsqu’il reçoit la visite de Sidonie (Isabelle Adjani), une actrice avec qui il a travaillé autrefois, qui se la joue grande star mais qui n’a plus de propositions et compte sur Peter pour relancer sa carrière. Lors de cette visite, elle est accompagnée d’Amir (Khalil Ben Gharbia), un heau jeune homme, dont Peter tombe instantanément amoureux et auquel il propose le rôle principal dans son prochain film. Mais l’idylle ne va pas durer. Une fois lancé, Amir se révèle être un intrigant sans scrupule qui le trompe allègrement. Après une violente dispute, Amir s’en va. Peter plonge alors dans une dépression profonde et noie son chagrin dans la drogue et l’alcool. Après un malaise dû à ses excès, et le départ de Karl qui se rebelle enfin contre son despotisme, il se retrouve seul, avec sa mère pour seul soutien.

Mon opinion

Je ne peux pas dire que j'ai été séduit par le dernier film de François Ozon dont, pourtant, j'ai aimé la plupart de la production, très différente, d'un film à l'autre (voir mes critiques précédentes : Huit femmes, Potiche, Dans la maison, Frantz, Grâce à dieu...) Même si je comprends son propos et ai trouvé remarquables tous les acteurs qui se trouvent piégés dans ce huis-clos malsain, je n'ai pas accroché avec ce qu'il est difficile de qualifier "drame" quelque chose qui relève plutôt, à mon sens, de la tragi-comédie ou de la parodie. Je ne connais pas bien l'oeuvre de Fassbinder et pas du tout la pièce de laquelle a été adapté ce film et je ne peux donc comparer les mérites des unes et de l'autre. Mais j'ai eu du mal a entrer dans ce film. J’ai retrouvé avec plaisir Khalil Ben Gharbia, que j’avais beaucoup aimé dans le personnage de Bilal dans la websérie Skam France. Quant à Isabelle Adjani, j’ai beaucoup admiré son fair-play dans un rôle où on sent qu’elle a pris plaisir à surjouer une star dont l’éclat s’est terni. Il faut être une grande actrice pour accepter de se dévaloriser ainsi.   

mardi 17 mars 2015

DANS LA MAISON de François OZON (FR-2012)


Dans la maison est un film français réalisé par François Ozon sorti en 2012. Son sujet est librement adapté de la pièce du dramaturge espagnol Juan Mayorga, « Le Garçon du dernier rang » (El chico de la última fila). Avec Fabrice Luchini (M. Germain),  Kristin Scott Thomas (Jeanne Germain), Ernst Umhauer (Claude Garcia) et Jean-François Balmer (le proviseur).

Synopsis

Cette année-là, l'Education nationale a décidé, dans le lycée-pilote Gustave-Flaubert où le professeur Germain Germain (Fabrice Luchini) enseigne le français, d’imposer l'uniforme dans le but d'effacer les différences sociales. Germain se trouve face à des élèves de 2e peu intéressés par son enseignement et, de retour chez lui, il se désole de leur lamentable niveau devant sa femme Jeanne, directrice d'une galerie d'art moderne (Kristin Scott Thomas). Un seul élève sort de l'ordinaire mais en cours, il se tient curieusement en retrait, au dernier rang de la classe (d'où le titre espagnol de la pièce). Il s’agit de Claude Garcia (Ernst Umhauer).

Comme galop d’essai, le premier devoir que donne M. Germain à ses élèves a pour sujet : "Racontez votre week-end". Ce qu’il obtient en retour de la plupart des élèves est tellement désastreux que, parmi toutes les copies qu’il a à corriger, la seule qui mérite son intérêt est celle de Claude. Celui-ci raconte son week-end passé au domicile d'un de ses camarades, Rafa, avec un talent qui tranche sur le reste de la classe. Il y a cependant, dans le récit qu’il fait de ces quelques heures passées avec cette famille qui n’est pas la sienne, quelque chose qui s’apparente à du voyeurisme. Germain et sa femme,  à qui il fait lire la copie, sont à la fois gênés mais en même temps fascinés par ce récit qui se termine par l’énigmatique formule "à suivre".

Face à cet élève poli, doué et différent, Germain reprend goût à l'enseignement, mais la personnalité trouble du jeune homme va entraîner pour lui des conséquences qu’il n’aurait pas imaginées.
Issu d'une famille déshéritée (il vit seul avec son père handicapé, sa mère les ayant quittés), Claude s'est pris de fascination pour une famille qu’il qualifie lui-même dans ses écrits de "normale", celle de son camarade Raphaël (Rafa) Argol. Dès son premier texte, Claude évoque "le parfum de femme de la classe moyenne" qu'exhale Esther (Emmanuelle Seigner), la mère de Rafa. Au fil des épisodes, le jeune homme entre chaque fois un peu plus dans leur intimité, décrivant avec une lucidité confinant à la cruauté cette famille qui l’attire en même temps qu’elle le repousse.

Germain, qui aurait dû rester neutre et ne pas encourager son élève dans une voie que lui-même considère comme malsaine, devient, à travers le regard de l’élève, un voyeur et prend goût à ce jeu pervers et dangereux.

Comme il le fait dans Huit femmes, ou même dans Potiche, Ozon joue avec ses personnages, les plaçant à contre-emploi. Ici, celui qui tire les ficelles, ce n’est pas le professeur mais l’élève et encore celui-ci le fait-il avec une sorte de pureté troublante qui engage à le considérer plus comme une victime que comme un coupable, craignant même, plus on se rapproche de la fin, une issue fatale pour l'un ou l'autre des personnages. Comme dans Huit femmes, le film est construit comme un labyrinthe de miroirs : la vérité apparente des faits cache une situation beaucoup plus complexe qui met le spectateur mal à l’aise. On pense un moment que c’est l’introverti Claude qui est amoureux du sportif Rafa, alors que ce sera Rafa qui, au contraire, lui volera un baiser. Quant à Claude, il n’hésitera pas à faire des avances à Esther, un substitut de sa mère. L’intérêt que porte Germain à son élève est, au début du film sans ambiguïté, mais elle se transforme vite en une affection morbide qui fait croire à ses collègues et à sa hiérarchie qu’il entretient une relation amoureuse avec son élève, ce qui est manifestement faux.

Dans ce film, on retrouve l’ironie légère et la cruauté qu’Ozon avait déjà manifestées dans ses précédents films mais il le fait ici avec une maestria qui nous évoque les meilleurs réalisateurs de suspense comme le Polanski de  Ghost writer, ou le Woody Allen de Match Point (est-ce un hasard, mais on en doute, car les clins d’œil au cinéma sont généralement voulus, lorsque Germain et sa femme vont au cinéma, ils vont justement voir ce film-là), voire le Pasolini de Théorème (film auquel Germain fait lui-même allusion dans un de ses entretiens avec Claude).

Hormis la révélation que représente Ernst Umhauer, dont l'innocence apparente recouvre une trouble menace, sans toutefois atteindre la noirceur psychopathe d’un Michael Pitt dans Funny Games USA de Michael Haneke, le casting est impeccable : même si le couple Kristin Scott Thomas-Luchini est assez improbable (mais pas plus que ne l'était Luchini-Deneuve dans Potiche), la première est parfaite dans le rôle d’une élégante bourgeoise un peu froide ; quant à Luchini, dont je redoute toujours le cabotinage et les débordements, je dois dire que je l’ai encore plus apprécié dans ce rôle de prof que dans celui de directeur hystérique et dépassé d'une usine de parapluies. Il n’empêche que, comme dans les précédents films de François Ozon, les personnages ont tous quelque chose de vaguement monstrueux qui nous fascine, nous peine et nous fait rire à la fois. C’est le grand talent de ce réalisateur de parvenir à rassembler tous ces traits antinomiques en un seul film. 

Mon opinion

Je viens de voir ce film qui était reprogrammé dans le cadre du festival Télérama. Je m'étais éclaté avec Huit Femmes et Potiche. Ce dernier film m'a paru encore plus réussi. On y ressent la patte d'un vrai metteur en scène, sûr de ses plans et parfaitement écrit et joué.

En tant qu’ancien prof, j’y ai retrouvé certains des sentiments que j’ai pu éprouver dans l’exercice de ce difficile métier : la surprise et la joie que l’on éprouve à découvrir une personnalité qui sort de l’ordinaire, le désir de l’aider à mieux exprimer ce qu’il ressent et à se dégager du carcan… mais aussi la crainte d’établir une relation trop personnelle, sachant qu’elle risque d’être mal interprétée par l’entourage.

jeudi 9 mars 2023

MON CRIME comédie de François OZON (FR-2023)

 

Mon crime est une comédie française réalisée par François Ozon, sortie en 2023. Il s'agit d'une adaptation de la pièce de théâtre du même nom de Georges Berr et Louis Verneuil présentée en 1934 au Théâtre des Variétés.

Présentation

Le film se déroule en 1934, à Paris. Madeleine Verdier (Nadia Tereszkiewicz), une actrice débutante sans emploi, partage une minable chambre de bonne avec son amie Pauline Mauléon (Rebecca Marder), une jeune avocate sans clients. Lorsque le film commence, leur propriétaire M. Pistole (Franck de Lapersonne), vient leur réclamer 3000 francs de loyer en retard et menace de les jeter dehors. Pauline lui dit que Madeleine attend un contrat et lui demande quelques jours de délai. Mais, lorsque Madeleine revient, elle est en larmes car le rôle que lui a proposé  Montferrand, le producteur (Jean-Christophe Bouvet ) est celui d’une soubrette à condition qu’elle couche avec lui et a tenté de la violer. Elle s’en est libérée en le mordant et s’est enfuie de sa somptueuse villa Art Nouveau de Neuilly en courant.

Peu après son retour, l’inspecteur Brun (Régis Laspalès) vient interroger les deux jeunes femmes car on a retrouvé Montferrand tué d’une balle en pleine tête et une forte somme d’argent disparue. La dernière à l’avoir vu vivant étant Madeleine, elle est convoquée par le juge Rabusset (Fabrice Luchini) qui l’inculpe, malgré les mises en garde de son greffier, M. Trapu (Olivier Broche) qui trouve que les charges sont minces.

Or, plutôt que de se défendre, les deux amies montent un plan machiavélique : tablant sur le fait que Madeleine était en état de légitime défense, Pauline se fait fort d’obtenir son acquittement, donnant du coup un retentissement médiatique à l’affaire qui leur permettra d’être reconnues, l’une comme actrice, l’autre comme avocate.

Le pari est risqué d’autant plus que le jury, entièrement composé d’hommes (les femmes ne furent jurés qu’à partir de 1944), emmené par le procureur général Maurice Vrai (Michel Fau), peut la condamner sévèrement. Mais Pauline lui a préparé une plaidoirie digne de l’actrice qu’elle est et Madeleine ressort libre sous les applaudissements de la foule.

Dès lors, les deux amies, s’appuyant sur la presse, en l’occurrence le jeune reporter Gilbert Raton (Félix Lefebvre), qui n’a d’yeux que pour elles, deviennent la coqueluche du Tout Paris, Madeleine comme actrice, Pauline comme avocate.

Mais c’était sans compter sur la véritable criminelle Odette Chaumette (Isabelle Huppert), une ex-actrice du cinéma muet qui voudrait revenir sur le devant de la scène et leur fait du chantage. Or personne, ni les deux amies, ni la justice, n’ont intérêt à ce que l’erreur judiciaire soit reconnue et, grâce à l’intermédiaire de Palmarède (Danny Boon), un homme d’affaire haut en couleurs, M. Bonnard (André Dussollier), patron des pneus Bonnard et père d’André (Edouard Sulpice), le fiancé de Madeleine, de payer les 300000 francs exigés par Odette pour qu’elle garde le silence sur sa culpabilité.

Mon opinion

Avec Mon crime, François Ozon revient aux comédies dans lesquels il excelle comme Huit femmes ou Potiche. Sous les aspects d’un vaudeville boulevardier, il aborde dans ce film un propos plus profond, faisant de ses actrices les véritables héroïnes d’une société outrageusement masculine qu’elles tournent en dérision. Comme dans Huit femmes, qui était à l’origine, comme Mon crime, une pièce de théâtre, Isabelle Huppert révèle dans l’excès des talents comiques qu’on aimerait plus souvent la voir déployer. Je suis sorti de la séance avec le sourire aux lèvres. 

dimanche 8 février 2015

POTICHE comédie de François Ozon (FR-2010)


Potiche est une comédie française, adaptée d'une célèbre pièce de théâtre de boulevard, réalisée par François Ozon et sortie en novembre 2010. La pièce de théâtre, écrite par Barillet et Grédy, fut un énorme succès avec, en vedette, la regrettée et irrésistible Jacqueline Maillan.

Synopsis

Le film se déroule dans les années 70. Dans la petite ville imaginaire de Sainte-Gudule, censée se situer près de St. Amand-les-Eaux, dans le Nord-Pas de Calais, la famille Pujol-Michonneau détient la seule industrie de la ville, une usine de parapluie. Le patron Robert Pujol (Fabrice Luchini) a épousé l'héritière des établissements Michonneau, Suzanne (Catherine Deneuve). Ils ont eu deux enfants, Suzanne (Judith Godrèche), mariée, maman de deux jeunes garçons, et un fils, Laurent (Jérémie Rénier), étudiant.  

Lorsque le film commence, on voit Suzanne faire du jogging. Elle habite une somptueuse maison bourgeoise et occupe son temps en écrivant des poèmes, son mari la tenant à l’écart de ses affaires  et sa propre fille, Joëlle, la traitant même de "potiche" (d’où le titre).

Robert Pujol traite ses ouvriers comme il traite sa femme, les méprise et refusant toute avancée sociale, y compris l'aménagement de toilettes décentes pour son personnel. Un jour, alors qu'une altercation l'a opposé à un syndicaliste de son usine, sa secrétaire, Nadège (Karin Viard), qui est aussi sa maîtresse, déboule affolée chez madame Pujol pour lui annoncer que les ouvriers se sont mis en grève et séquestrent son mari.

D'abord désorientée, tiraillée entre les conseils contraires de sa fille, aussi réactionnaire que son père, qui veut faire intervenir les CRS, et son fils, qui lui conseille plutôt de composer, Suzanne décide d'aller demander son aide au député-maire communiste, Maurice Babin (Gérard Depardieu), avec qui elle a eu une aventure lorsqu'ils étaient jeunes et qui, malgré les années, est secrètement resté amoureux d'elle. Grâce à son intervention et la promesse de négocier avec les ouvriers, elle obtient que son mari soit libéré.

Lorsque Robert revient chez lui et apprend que sa femme a fait appel à Babin et promis de négocier avec les ouvriers, il entre dans une fureur noire et prend une crise cardiaque qui le conduit à l'hôpital.
Contrainte et forcée, Suzanne prend les choses en main, accepte une grande partie des revendications des salariés, et devient le véritable patron de l'usine, lui insufflant un souffle nouveau en faisant entrer son fils pour dessiner de nouveaux modèles de parapluies, plus dynamiques et plus colorés, et sa fille pour développer les ventes à l'export. Sa réussite est complète : non seulement elle se fait aimer des employés (y compris de la secrétaire !) mais relance l'entreprise qui était sur le déclin, avec, en prime, la satisfaction d’avoir prouvé à tout le monde (à commencer par elle-même) qu’elle était capable, mieux que son mari, de relever l’entreprise familiale.

Lorsque Robert revient guéri, il s'imagine qu'elle va gentiment lui rétrocéder son fauteuil qu’il a quitté, contraint et forcé, mais Suzanne refuse de redevenir la « potiche » de service. Robert, se lançant dans un odieux chantage dans lequel il entraîne le maire, provoque un vote du Conseil d'administration et regagne son poste de PDG grâce à la défection de sa fille.

Bien que sonnée, Suzanne ne se laisse pas abattre et décide de se lancer en politique contre le député-maire Maurice Babin, voulant lui faire payer sa trahison et, au grand dam de celui-ci et de son époux, elle gagne et devient députée. Elle fête sa victoire avec tous ceux qui l'on soutenue.

Mon opinion sur ce film

J'avais beaucoup aimé une précédente comédie de François Ozon, Huit femmes, dont je n'ai pas encore parlé dans ce blog. Pourtant, elles sont si rares les comédies françaises réussies, qui échappent à la vulgarité et qui font tout de même réfléchir car Potiche est tout cela : divertissante, certes, mais aussi pleine de références à la situation féminine, cantonnée au rôle de "potiche" pendant des siècles. Ce film n'est pas non plus dénué de références à notre époque. On ne peut s'empêcher de penser entre l'affrontement entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy pour la présidence de la République, aux attaques machistes et aux moqueries qu'elle a dû essuyer (y compris dans son propre camp) et, au regard des dernières critiques dont ont fait l'objet des ministres socialistes femmes à l'Assemblée nationale, se dire que le combat de Suzanne Pujol, les délocalisations, les malversations financières, les compromissions politiques sont toujours (et même plus que jamais !) d'actualité.

Bien entendu, ce film est, et reste, une comédie et il ne faut pas le prendre pour un pamphlet politique. Il ne changera pas les mœurs ni la ségrégation dont les femmes restent victimes dans ce pays qui est, soi-disant, la patrie de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Mais il y contribuera.

Un grand coup de chapeau à Catherine Deneuve qui est "la" star incontestée de ce film, même si les seconds rôles sont épatants aussi. Elle a accepté de s'enlaidir au début pour mieux rayonner ensuite et quelle belle leçon d'acteur quand, à la fin, elle entonne elle-même, sans doublage et sans fausses notes, la belle chanson écrite et interprétée par Jean Ferrat dans les années 60 : "C'est beau la vie".

lundi 10 octobre 2016

FRANTZ de François OZON (FR-2016)


Frantz est un film dramatique germano-français écrit et réalisé par François Ozon, sorti en 2016. Il est librement inspiré d'une pièce de Maurice Rostand, L'homme que j'ai tué, qui a elle-même été reprise dans le scénario du film américain L'Homme que j'ai tué (Broken Lullaby, 1932) de Ernst Lubitsch. Il est officiellement en compétition pour le prix Lion d'or à la Mostra de Venise 2016.

Résumé

Peu de temps après la fin de la Première Guerre mondiale, Anna (Paula Beer) se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, tué sur le front. Un jour, elle voit un jeune homme qui vient y déposer des fleurs. Il s’agit d’Adrien Rivoire (Pierre Niney), un soldat français, venu pour rencontrer les parents de Frantz… Le père de Frantz, le Dr. Hoffmeister refuse dans un premier temps de le recevoir. Mais son épouse, Magda, la mère de Frantz, le reçoit avec gentillesse. Adrien leur dit qu’il avait connu Frantz, lorsque celui-ci était venu à Paris avant la guerre et leur raconte ce qu’ils veulent entendre. En fait, Adrien avait connu brièvement Frantz dans des circonstances douloureuses qui seront dévoilées au cours du film et, s’il est venu rencontrer ses parents et son ex-fiancée, c’est parce qu'il détient un lourd secret qu'il s'est promis de leur révéler.

Mon opinion sur ce film


Avec ce film, on est très loin de l'ambiance déjantée de Huit femmes ou de Potiche et beaucoup plus du film jusque là le plus sombre d'Ozon, Dans la maison

Le film, en grande partie en noir et blanc et en allemand, nous raconte une histoire terrible qui est celle d’une amitié par-delà la mort. Très belle prestation de Pierre Niney, dans le rôle d’Adrien et de Paula Beer, dans celui d’Anna. En la voyant, je n’ai pu m’empêcher de penser à Romy Schneider dans La passante du sans-souci. Elle est très belle, très digne. Dommage que la fin du film soit trop longue d’un pénible quart d’heure qui s’éternise. Dommage, car, sans cette fin ratée, le film aurait été, sinon un chef d’œuvre, du moins un grand film.

A voir aussi, du même réalisateur :






lundi 9 février 2015

HUIT FEMMES comédie de François Ozon (FR-2002)



Huit femmes est une comédie française adaptée d'une pièce de théâtre par François Ozon et sortie en 2002.

Synopsis

Unité de temps, unité de lieu. Tout se passe dans une grande maison isolée en Bretagne coupée de tout par la neige.

L'action se passe dans les années 50 peu avant Noël. Le maître de maison, Marcel, est trouvé mort dans son lit assassiné d'un poignard dans le dos. Dans la maison, huit femmes aux personnalités très différentes se supportent, s'envoient des vannes, rient et pleurent ensemble, forment des clans, se disputent (ah, la fabuleuse scène de "crêpage de chignon" entre Isabelle Hupert et Catherine Deneuve !)

Il y a donc :

- Mamy (Danielle Darrieux), handicapée en fauteuil roulant, belle-mère de la victime, avare et alcoolique.
- Gaby (Catherine Deneuve), femme de la victime, grande bourgeoise amoureuse de l'argent plus que de son mari ou de son (ses) amant(s) ;
- Suzon (Virgine Ledoyen) : belle-fille aînée de la victime. Elle apprend qu'elle n'est pas la fille biologique de Marcel. Heureusement car, enceinte, elle a eu des rapports (incestueux) avec son père. C'est elle qui mènera l'enquête tout au long du film jusqu'à ce que son secret soit révélé.
- Catherine (Ludivine Sagnier) : Fille cadette de la victime. Insolente et paresseuse, son père, qui l'adore, lui a toujours tout passé. Elle affiche des opinions féministes. Obsédée par ses lectures policières, elle mettra en scène le "meurtre" de son père pour obliger les femmes de la famille à révéler leurs secrets. Ce faisant, elle le poussera au suicide.
- Pierrette (Fanny Ardant) : Sœur du défunt qu'elle faisait chanter. Ancienne danseuse nue aux mœurs légères, elle ne s'encombre pas de scrupules.
- Madame Chanel (Firmine Richard) : belle femme noire à la forte personnalité, elle loge dans le pavillon de chasse situé dans le parc. Elle a été la nourrice de Suzon et de Catherine et continue à être la gouvernante et la cuisinière de la maison. Elle est au courant de beaucoup (sinon de tous) les secrets des uns et des autres. Elle a elle-même un lourd secret : homosexuelle, elle a des relations secrètes avec Pierrette lorsque celle-ci vient rendre visite à son frère pour lui soutirer de l'argent et elle en est jalouse.
- Louise (Emmanuelle Béart) : parfaite sainte Nitouche, elle est la femme de chambre de Madame (Gaby) à qui elle est totalement dévouée alors qu'elle couche avec son mari depuis 5 ans et partage avec Pierrette les faveurs de tous les notables du coin.
- Augustine (Isabelle Huppert) : Sœur de Gaby et donc belle-sœur de la victime. Le réalisateur ne l'a pas ratée en vieille fille aigrie, langue de vipère, vierge,  et dont le rêve secret serait de coucher avec son beau-frère. Elle lit des romans à l'eau de rose.
- Marcel (Dominique Lamure) : Tout le film tourne autour de lui mais on ne l'aperçoit qu'à la fin. On pourrait le prendre en pitié tant il est, aux deux sens du terme, la "victime" de toutes ces (ses) femmes. Ruiné par l'amant de sa femme et bafoué par toutes les autres qui ont tramé autour de lui toutes sortes de plans machiavéliques, soit pour en faire leur amant, soit pour profiter de lui (soit les deux !), il n'en est pas pour autant sympathique et on ne pleure pas son sort. Avec l'aide de Catherine, sa fille cadette, il a mis en scène sa propre mort pour obliger "ses" femmes à révéler leur secret. Mais, le piège se retourne contre lui car, devant la vérité, il craque et se donne la mort.
Ajoutons que, sans être à proprement parler un film musical, le film est ponctué de parties chantées et dansées, interprétées par les artistes elles-mêmes, ce qui peut surprendre, comme toujours dans ce genre d'intrusion de la musique dans un film, mais ajoute au comique et à la performance. 

Mon opinion sur ce film    

Le film commence comme un thriller à la Hitchcock mais se transforme très vite en un vaudeville puis en une irrésistible comédie de mœurs. Je l’avais vu au cinéma lors de sa sortie et, fait rare, je m'étais toujours promis de me le racheter en DVD tant il m'avait plu. Je l'ai revu depuis à la télé toujours avec autant de jubilation. Jubilation pour le sujet mais aussi pour la mise en scène et les performances d'acteurs (je devrais dire d'actrices puisque ce film ne comporte que des actrices, à part la furtive apparition de "l'homme", à la fin du film). Toutes sont extraordinaires, chacune dans leur genre mais, je crois, la prestation que j'ai le plus apprécié est celle d'Isabelle Huppert, que je fuis généralement comme la peste, tout en reconnaissant que c'est une grande actrice. Là, dans un rôle comique, elle explose littéralement et on regrette vraiment qu’elle n’ait pas fait plus de rôles drôles dans sa carrière car elle y est vraiment épatante. Mais toutes ont leur place (et la tiennent bien) dans le film, que ce soit Danielle Darrieux, toujours aussi formidable, Catherine Deneuve, Fanny Ardant. J'ai particulièrement aimé aussi Firmine Richard, une actrice généreuse,  que l'on aimerait voir plus souvent dans des rôles principaux.
Ce film a beaucoup de points communs avec Potiche (les deux affiches se ressemblent d'ailleurs beaucoup), c'est pourquoi, après avoir vu ce dernier, j'ai eu envie de parler de Huit femmes. Les deux sont adaptés d'une pièce de boulevard mais leur adaptation au cinéma a gommé tout ce qu'il peut y avoir de pénible dans le théâtre de ce genre : jeu exagéré, criailleries sans fin, actions entremêlées à outrance, etc. Huit femmes garde l'unité de temps et de lieu qui s'impose sur un théâtre, ce qui n'est pas tout-à-fait le cas de Potiche mais c'est à peu près tout : les personnages y sont beaucoup plus complexes qu'au théâtre et l'on découvre peu à peu que les salauds ne sont pas forcément ceux qu'on croit. Jouissif et déjanté.

Dans le même esprit, je vous recommande aussi :

lundi 4 mai 2015

Ernst UMHAUER acteur français



Ernst Umhauer est né le 2 décembre 1989 à Cherbourg dans la Manche. Il est de nationalité française. Son prénom a été inspiré à son père, un photographe d'origine alsacienne, par le peintre surréaliste Max Ernst. Il effectue ses études à Cherbourg, option cinéma, mais les abandonne après un redoublement de classe de 2e. Il suit durant trois ans les cours de théâtre à la Maison de la Culture de Cherbourg.

Carrière

En 2009, il tourne dans plusieurs téléfilms puis obtient le rôle principal dans un court métrage de Raphaël Mathié, Le cri. Il interprète ensuite (2011) le rôle d'un jeune novice dans le film Le moine de Dominik Moll, au côté de Vincent Cassel.

Mais c'est le film Dans la maison de François Ozon, où il joue, au côté de Fabrice Lucchini, le rôle principal, celui de Claude Garcia, qui le révèle véritablement. Il y incarne le rôle d'un jeune lycéen de 16 ans, poli et intelligent, mais pervers et manipulateur. Il y est vraiment extraordinaire. Ce premier véritable rôle lui a d'ailleurs valu le prix, amplement mérité, du meilleur espoir masculin (Prix Lumière 2013).  L'une des plus belles révélations de ces derniers mois !

Filmographie

> Films
  • ·         2005 : Il était une fois la lune de Magali Billioud et Florence Fantini.
  • ·         2005 : Le Passager de l’été de Florence Moncorgé-Gabin : figuration
  • ·         2011 : Le Moine de Dominik Moll : le novice
  • ·        2012 : Dans la maison de François Ozon : Claude Garcia
  • ·         2014 : Saint Laurent de Bertrand Bonello

> Courts métrages

  • 2011 : Le cri de Raphaël Mathié : Gabriel (Grand prix du court-métrage au 19e Festival du film fantastique de Gérardmer.)
  •  2014 : Après les cours de Guillaume Renusson
  • 2016 : Lanceur d'alerte réalisé par Les parasites.net

> Télévision

  •         2009 : Comprendre & pardonner (épisode Un cœur en or) diffusé sur M6
  •          2009 : Les Corbeaux de Régis Musset
  • .    2016 : Les Revenants (2ème saison) 
  •      2016 : Diabolique

vendredi 22 juillet 2022

UNE ROBE D'ETE Court métrage de François OZON (FR-1996)

 

Une robe d'été est un court-métrage de François Ozon sorti en 1996. Je l’ai vu, dans une version numérisée et restaurée avant la projection de Peter Von Kant, du même réalisateur.

Résumé

Frédéric (Frédéric Mangenot) et Sébastien (Sébastien Charles), deux copains gays, sont en vacances au bord de la mer. Après une dispute avec Frédéric, qui danse sur la chanson Bang Bang interprétée par Sheila, Frédéric saute sur son vélo et va se baigner. Comme la plage est déserte, il décide de se baigner nu. Il est en train de se faire sécher sur le sable lorsqu’une jeune femme espagnole du nom de Lucia (Lucia Sanchez) lui demande du feu et lui propose d’aller faire l’amour avec elle dans un bosquet en arrière de la plage. D’abord interloqué, Frédéric accepte. C’est la première fois qu’il couchera avec une femme. Lorsqu’il veut reprendre ses affaires et se rhabiller, tout a disparu et il est obligé d’accepter la proposition de la jeune femme : lui prêter sa robe pour lui permettre de revenir chez lui. Comme il n’a pas d’autre choix, il met la robe. Cela change complètement sa vision des choses et, lorsque Sébastien le voit ainsi habillé, il lui fait l’amour comme il l’aurait fait à une femme. Lorsque, le lendemain, Frédéric veut rendre sa robe à la jeune femme, elle lui dit de la garder comme un « cadeau d’émancipation ».

Mon opinion

Il n’y a rien de graveleux dans ce film où les protagonistes sont jeunes, beaux et purs. Les choses se font « comme ça », sans arrière-pensée. C’est frais et ça se laisse apprécier comme un sorbet acidulé dégusté sur un transat au bord de l’eau.  

Une robe d’été a reçu le Léopard d'or au Festival international du film de Locarno. Il a également été remarqué dans de nombreux festivals de court métrage : Dublin, Pantin, Grenoble, Genève ou Brest. 

jeudi 22 janvier 2015

CATHERINE DENEUVE (Actrice française)



Catherine Dorléac, dite Catherine Deneuve, est une actrice française, née le 22 octobre 1943 à Paris. Considérée comme l'une des plus grandes actrices françaises de sa génération et de la seconde partie du xxe siècle, elle a été l'égérie de réalisateurs reconnus comme Jacques Demy, François Truffaut ou André Téchiné. Catherine Deneuve compte également dans sa filmographie plusieurs grands noms du cinéma international : Luis Buñuel, Roman Polanski, Marco Ferreri, Dino Risi, Manoel de Oliveira, Raul Ruiz ou encore Lars von Trier.

L'actrice est notamment lauréate de deux Césars de la meilleure actrice. Elle a par ailleurs obtenu plusieurs prix à l'international, notamment dans les trois festivals de cinéma européen les plus prestigieux que sont Cannes, Venise et Berlin.

Biographie

Catherine Deneuve a été élevée dans une famille d'acteurs, son père, Maurice Dorléac, travailla beaucoup pour le théâtre et le cinéma mais fut également directeur de doublage à la Paramount Pictures et sa mère, Renée Simonot, dont elle a utilisé le véritable patronyme, « Deneuve », avait été pensionnaire du théâtre de l'Odéon, où sa grand-mère avait été souffleuse.

Catherine est la troisième des quatre filles de Renée Simonot ; ses trois sœurs sont Danielle (née en 1936, fille du comédien Aimé Clariond), Françoise Dorléac (née en 1942, morte dans un accident de voiture en 1967 quelques mois après la sortie des Demoiselles de Rochefort) et Sylvie (née en 1946).

Ses débuts au cinéma

Catherine Deneuve débuta au cinéma en 1956, sous son nom d’état-civil (Dorléac), avec un petit rôle dans Les Collégiennes d'André Hunebelle. « Je joue en uniforme de collège, et c'est là que j'apprends à nouer des cravates», dira-t-elle.

Quatre ans plus tard, sa sœur Françoise lui dit : « Tu sais. Ce serait amusant que tu fasses des essais. Je dois tourner cet été un film qui s'appelle Les portes claquent et le réalisateur, Jacques Poitrenaud, cherche une jeune fille pour jouer ma sœur. Tu devrais y aller. » Après avoir obtenu l'accord de ses parents, Catherine Deneuve se présente au casting et elle est choisie pour le rôle. A l'époque, elle n'était cependant pas intéressée par le métier de comédienne. Cet épisode l'amène pourtant à interrompre ses études, au cours de sa classe de seconde.

Le réalisateur Mel Ferrer, qui lui trouve une ressemblance avec Audrey Hepburn, l'engage pour tourner L'Homme à femmes, avec Danielle Darrieux. Dès ces premières apparitions, les critiques saluent sa performance : « La révélation du film, c'est une petite personne exquise qui s'appelle Catherine Deneuve. Discrète, sans être empaillée, proprette sans être banale, ingénue sans être niaise, et jolie, si jolie, sans avoir l'air de le savoir. Elle devrait être d'ici à trois mois la proie favorite des metteurs en scène fatigués du style Saint-Germain-des-Prés. » [France Roche, France-Soir (1960)].

En 1962, elle rencontre Roger Vadim à l’Épi Club de Montparnasse. « Ce fut le coup de foudre. Vadim m'apprit à devenir femme, à me faire une personnalité et à vivre dans le bonheur », dira Catherine Deneuve. Vadim lui offre un rôle dans Le Vice et la Vertu (1962). Elle vit ensuite avec le cinéaste, de quinze ans son aîné, dont elle a un fils, Christian, né le 18 juin 1963.

Catherine Deneuve et Jacques Demy

En 1964, elle incarne le premier rôle féminin du film musical de Jacques Demy, Les Parapluies de Cherbourg, récompensé par la Palme d'or au Festival de Cannes et par le Prix Louis-Delluc. C’est le début de la consécration : les critiques ne parlent que d'elle, de sa beauté, de sa grâce, de cette manière d'être à la fois légère et profonde, gaie et mélancolique qui est sa marque de fabrique. Elle est la révélation de l'année 1964 et devient l'incarnation de l'idéal féminin et de la femme des années 60. La rencontre avec Jacques Demy représente un tournant dans sa carrière puisqu'elle devient l'un des visages les plus emblématiques de l'univers poétique, enchanté et grave du réalisateur. Elle tourne encore trois films sous sa direction : Les Demoiselles de Rochefort (avec sa sœur Françoise Dorléac), Peau d'âne et L'Événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune. En revanche, elle renonce au rôle d'Edith dans Une chambre en ville, parce que Jacques Demy refusait qu'elle chante elle-même les dialogues et voulait la doubler. Le film ne sera tourné que sept ans plus tard avec Dominique Sanda dans le rôle-titre.

Les années 1960

En 1965, Roman Polanski lui propose le rôle principal dans l'adaptation qu'il compte faire de la pièce de théâtre de Roland Dubillard, Naïves Hirondelles, mais elle refuse, considérant qu'il s'agit d'un rôle d'idiote. Après réflexion, elle regrettera sa décision et acceptera une nouvelle offre du réalisateur pour jouer dans son film Répulsion. Le personnage qu'elle interprète, Carol, est une manucure qui souffre de schizophrénie, ce qui la conduit finalement à la folie meurtrière. Elle refuse cependant une scène de nu et exige de la jouer en chemise de nuit. Lors de sa sortie, le film obtient un succès critique et public.

Par amitié pour Agnès Varda, elle accepte ensuite de faire une apparition dans son film Les Créatures (1966). Le film est un échec cuisant. Deneuve déclare à ce sujet : « Les Créatures a été accueilli de façon très injuste, car on ne s'est pas seulement contenté d'assassiner le film mais aussi Agnès Varda qui n'a rien pu faire depuis en France ! Mais je préfère ne pas en parler, car cela me rendrait très agressive à l'égard de gens qui font de la critique de façon très méprisable ».

L'année suivante (1967), elle retrouve Jacques Demy pour le film musical Les Demoiselles de Rochefort, dans lequel elle donne la réplique à sa sœur Françoise Dorléac. Le film raconte l'histoire de sœurs jumelles, professeurs de danse et de musique, qui rêvent de monter à Paris et saisissent l'occasion lorsqu'une troupe de forains passe en ville. Leur but est de chercher l'amour idéal. Les voix chantées des deux actrices sont doublées dans le film par Christiane Legrand et Claude Parent. Bien qu'elle adore le film, il reste pour Deneuve un souvenir malheureux. En effet, sa sœur Françoise Dorléac, avec qui le film l’avait beaucoup rapprochée, meurt dans un accident de voiture le 26 juin 1967. Pour Deneuve, la perte de sa sœur représente « la déchirure la plus importante de [sa] vie. »

Avant l’accident de sa sœur, Catherine Deneuve avait refusé le scénario qu'elle reçoit pour l'adaptation du roman de Joseph Kessel, Belle de Jour, mais elle change d'avis lorsqu'elle apprend que le réalisateur est Luis Buñuel. Aux côtés de Michel Piccoli, Pierre Clémenti et Francis Blanche, elle interprète l'épouse d'un médecin qui se livre à la prostitution occasionnelle. Le tournage a été pour elle extrêmement difficile non, comme on pourrait le penser, pour le thème sulfureux qu’il aborde ni pour les scènes difficiles qu’elle a eu à jouer, mais pour ses relations avec le réalisateur. En effet, les producteurs, Robert et Raymond Hakim, refusaient qu'elle parle directement avec Buñuel et servaient d'intermédiaire. « Sur Belle de jour, on a eu affaire à des producteurs à l'ancienne et qui tenaient à ce que les acteurs restent dans leur coin et ne communiquent pas avec leur réalisateur. Privé de ce dialogue-là, j'ai vécu des moments vraiment douloureux. » Le film est néanmoins un succès plus critique que public, et selon François Truffaut, le film le plus important de sa carrière : «Ce film coïncidait merveilleusement avec la personnalité un peu secrète de Catherine et les rêves du public. C'était un film formidablement mystérieux qui lui convenait parfaitement... »

Après la mort de Françoise Dorléac, Catherine s’est jetée à corps perdu dans le travail : « Très longtemps, je me suis sentie comme un zombie. Je n'ai pas arrêté de travailler, j'ai tourné des films, c'est vrai, mais ce sont des souvenirs assez flous, je n'étais pas du tout en état d'analyser les raisons pour lesquelles je faisais les choses, j'étais anesthésiée. » [Catherine Deneuve, « Elle s'appelait Françoise »].

Au moment de l'accident, elle avait déjà accepté un petit rôle dans la comédie Benjamin ou les Mémoires d'un puceau de Michel Deville et, malgré son chagrin, elle assure le tournage. Ce film, à la distribution prestigieuse (Michèle Morgan, Michel Piccoli, Jacques Dufilho, Francine Bergé, Odile Versois, etc), se déroule dans la France libertine du milieu XVIIIe siècle ; il raconte l'éducation sentimentale et sexuelle d'un jeune homme (Pierre Clémenti) élevé jusque-là loin des femmes. Le film a obtenu un grand succès auprès du public et a été récompensé par le prix Louis Delluc.  

Son film suivant, Manon 70, est une adaptation contemporaine du roman-mémoires de l’abbé Prévost, Manon Lescaut. Même si elle considère le film raté, elle refuse de le renier. « J'ai beaucoup d'estime pour Jean Aurel (le réalisateur). Si Manon n'est pas une grande réussite, c'est sans doute parce que le metteur en scène n'était pas au meilleur de sa forme. Ni moi non plus. Je ne considère pas Manon comme un échec, ou si c'en est un, je ne veux en considérer que l'aspect instructif. »

Après une adaptation du roman de Françoise Sagan, La Chamade, dans lequel elle joue une femme qui aime vivre d'oisiveté grâce à l'argent de son amant, Catherine Deneuve est dirigée par François Truffaut dans La Sirène du Mississipi (1968). Elle y donne la réplique à Jean-Paul Belmondo. Elle interprète une chanteuse de cabaret, qui, après s'être mariée à un homme riche, lui vole son argent et s'enfuit. Le film est particulier et difficile pour Deneuve car les dialogues sont écrits au fur et à mesure du tournage. La Sirène est un échec, ce qui affecte beaucoup son réalisateur et son actrice. «L'échec du film m'a beaucoup attristée : un sujet très romanesque, une histoire d'amour... J'adorais ce film. Mais il était tellement contre les lois du genre, contre mon image habituelle et surtout celle de Belmondo. Le public n'a apparemment pas accepté que Belmondo joue un homme faible, qui subit. C'était une série noire vraiment noire. Mais je considère que c'est un film important. » Elle entretient avec le réalisateur une histoire d'amour discrète qui se prolonge au-delà du tournage. Elle le quitte brusquement, ce qui plonge Truffaut dans une profonde dépression.

La même année, Catherine Deneuve tourne sous la direction de Terence Young dans Mayerling, l'histoire d'amour entre Rodolphe d'Autriche et Marie Vetsera. Le film connaît un succès considérable. Cependant, bien qu'elle ne regrette pas de l'avoir tourné, elle estime qu'il est trop commercial. « Il y avait des choses à dire, il y avait certainement des images plus fortes à montrer. Quand il y a beaucoup d'argent, il y a tout de suite trop de choses à respecter. La liberté a un prix..».

Les années 1970

Buñuel invite alors Deneuve à jouer le rôle-titre de son prochain film, Tristana (1970). Malgré leur première collaboration difficile sur Belle de jour, l’actrice accepte et se rend en Espagne pour interpréter une jeune femme recueillie par un notable de Tolède et qui finit aigrie, malade et amputée d'une jambe. Le tournage est merveilleux pour Deneuve Tristana est un de mes grands souvenirs. Le tournage s'est très bien passé. Buñuel était revenu en Espagne et j'étais attirée par le mystère de ce personnage féminin, son comportement, ses pulsions. » 

Pour la troisième fois, Deneuve retrouve Demy pour le film musical Peau d'âne inspiré du conte de Charles Perrault. Le film tient une place particulière dans sa carrière et est un succès considérable avec 2,2 millions d'entrées. « J'y allais les yeux fermés. Heureuse de retrouver cet univers. Un univers où toutes les relations interdites sont transfigurées. Jacques savait créer le merveilleux avec un rien, son regard le suscitait. Où que j'aille, le film m'a poursuivie. Il y a des rôles qu'on oublie. Mais, là, c'est le film lui-même qui ne m'a jamais quittée. Souvent, des amis me demandaient si j'en avais une copie. Mais, pour moi aussi, le film avait disparu. Si bien que je suis la première enchantée de pouvoir le redécouvrir dans ses couleurs d'origine ! » [Catherine Deneuve, «Catherine Deneuve nous conte Peau d'âne »].

De retour à Paris après un bref séjour à Londres - au cours duquel Roman Polanski lui présente Marcello Mastroianni - elle lit le scénario de Ça n'arrive qu'aux autres que Nadine Trintignant a déposé à son intention chez sa concierge. Devant cette histoire - celle d'un couple qui doit faire face à la perte d'un enfant - qu'elle trouve magnifique, elle accepte et suggère même Mastroianni pour lui donner la réplique. Au cours du tournage, les deux acteurs tombent amoureux.

Enceinte de cinq mois de sa fille Chiara, qu’elle a eue de son union avec Marcello Mastroiani, elle accepte ensuite de participer au  film de Jean-Pierre Melville, Un flic. Malheureusement, Melville meurt peu de temps après (1973).

Les années 1980

Claude Berri lui offre ensuite le rôle principal de Je vous aime (1980) où elle joue face à Gérard Depardieu, Jean-Louis Trintignant, Alain Souchon et Serge Gainsbourg (avec lequel elle chante le titre "Dieu fumeur de havanes").

François Truffaut souhaite renouveler leur collaboration et lui confier un « rôle de maturité. » Il écrit donc le scénario du Le Dernier Métro à propos d'une femme comédienne qui tombe amoureuse de son partenaire engagé dans la Résistance. De tous ses films, Le Dernier Métro est celui dont elle est, à juste titre, le plus fière. Le film est un gros succès et elle remporte à cette occasion son premier César de la meilleure actrice.

Elle joue par la suite la femme d'Yves Montand dans Le Choix des armes (1981) d’Alain Corneau. C'est à cette époque qu'elle se sent lasse du cinéma et envisage de mettre un terme à sa carrière.

Elle rencontre alors le réalisateur André Téchiné avec qui elle va collaborer à plusieurs reprises au cours de sa carrière. Leur premier film ensemble est Hôtel des Amériques (1981), une histoire d'amour pessimiste avec Patrick Dewaere. Le fait que le film soit un échec commercial lors de sa sortie l'affecte, mais ne la surprend pas.

Elle se rend ensuite en Afrique pour les besoins de la comédie de Philippe de Broca, L'Africain (1983), avec Philippe Noiret.

La suite de sa carrière

Après avoir, entre autres, travaillé avec Michel Deville, Claude Lelouch, Élie Chouraqui, Jean-Pierre Mocky et Philippe Labro, Catherine Deneuve décide d'internationaliser à nouveau sa carrière. Elle avait auparavant déjà tourné avec Stuart Rosenberg et Robert Aldrich aux États-Unis ou encore Marco Ferreri, Sergio Citti, Mauro Bolognini et Dino Risi en Italie. Plus tard, elle est dirigée notamment à deux reprises par Manoel de Oliveira et une seule fois par Lars von Trier qui lui offre un second rôle remarqué dans Dancer in the Dark.

Après Hôtel des Amériques, elle poursuit sa collaboration avec André Téchiné qui la montre sous un nouveau jour dans Le Lieu du crime, Ma saison préférée, Les Voleurs et Les Temps qui changent entre autres.

Catherine Deneuve est aujourd'hui une star respectée qui alterne, depuis les années 1980, aussi bien les films grand public tels Fort Saganne d'Alain Corneau, Le Bon Plaisir de Francis Girod, Indochine et Est-Ouest de Régis Wargnier, Belle-maman de Gabriel Aghion ou encore Huit Femmes et Potiche de François Ozon, que des œuvres d'auteur artistiquement ambitieuses.

Son interprétation d'une propriétaire de plantation d'hévéas dans l’Indochine (Indochine) française vue par Wargnier lui vaut un nouveau César en 1993 et également une première nomination à l'Oscar de la meilleure actrice. Elle reçoit ensuite la Coupe Volpi de la meilleure interprète féminine à la Mostra de Venise en 1998 pour son rôle de joaillière alcoolique dans Place Vendôme de Nicole Garcia.

Considérée dans le monde entier comme l'une des plus grandes actrices françaises de ces quarante dernières années, elle jouit d'une notoriété internationale et d'une filmographie exceptionnelle. La plupart des grands réalisateurs européens ont fait appel à elle, associant définitivement son nom à l'histoire du cinéma de la seconde moitié du XXe siècle.

En 1999, l'Unesco la choisit comme ambassadrice à la préservation du patrimoine cinématographique.

En 2002, elle reçoit, en compagnie des sept autres actrices de Huit Femmes, l'Ours d'argent de la meilleure contribution artistique lors de la 52e Berlinale et le Prix de la meilleure actrice européenne aux European Film Awards.
En 2005, elle se voit décerner la Palme d'or d'honneur du 58e Festival de Cannes pour l'ensemble de sa carrière.
En 2006 elle préside le jury de la 63e Mostra de Venise.
En 2008 elle reçoit le Prix Spécial du 61e Festival de Cannes pour son rôle dans Un conte de Noël d'Arnaud Desplechin et pour l'ensemble de sa carrière. 

Vie privée

Elle a vécu avec le réalisateur Roger Vadim, dont elle a eu un fils, Christian (né le 18 juin 1963).
En 1965, elle épouse le photographe David Bailey, dont elle se sépare en 1967, mais le divorce n'est prononcé qu'en 1972. Ses témoins étaient Mick Jagger et Françoise Dorléac.
Elle vit par la suite avec Marcello Mastroianni, dont elle a une fille, Chiara (née le 28 mai 1972, elle-même actrice), puis avec l'homme d'affaires Bertrand de Labbey, qui reste son agent et avec l'homme de médias Pierre Lescure dans les années 1980.
Elle fut habillée par Yves Saint Laurent, avec qui elle a entretenu une intense amitié, ce dernier la surnommant même son porte-bonheur.
Elle vit à Paris, dans le quartier Saint-Sulpice, et à Guainville (Eure-et-Loir).

Prises de position

>  Droit à l'IVG : En 1971, elle signe le manifeste des 343, dans le but d’obtenir la légalisation de l'avortement. L'actrice déclarera des années plus tard au magazine Psychologie : « Oui, c’est une expérience qui fait partie de la vie des femmes de ma génération. Aujourd’hui, on ne s’en rend pas compte, on banalise cela, mais à l’époque… C’est un acte déjà effroyable en soi, mais quand, en plus, il est interdit et qu’il faut le subir dans des conditions compliquées, c’est très culpabilisant. Et la culpabilité, c’est terrible ! On apprend à vivre avec, mais on ne s’en remet pas ».

> Combat contre la peine de mort : Dès les années 1980, Catherine Deneuve se joint aux mouvements pour l'abolition de la peine de mort. Elle prête sa voix à la version française d'un film d'Amnesty International contre la peine de mort et la torture et reverse à cette organisation la totalité des revenus dus au titre de la représentation de son image à la suite de la réalisation de son buste en Marianne (1985). Au début des années 2000, l'actrice vient remettre à l'Ambassade américaine à Paris, les 500 000 signatures de Français demandant l'abolition de la peine capitale aux États-Unis. Elle participe en 2004 au second congrès mondial contre la peine de mort, organisé à Montréal.

> Droits des femmes : En 2004, Catherine Deneuve préside le 10e gala "Musique contre l'oubli" d'Amnesty International pour soutenir une campagne contre les violences faites aux femmes.
Lors de la présidentielle de 2007, elle soutient Ségolène Royal en cosignant la pétition Un million de femmes s'énervent, contre le sexisme dont les signataires jugeaient que la candidate socialiste était victime.

> Soutien aux dissidents cubains : En 2003, Catherine Deneuve participe, au théâtre du Rond-Point, à une soirée de solidarité avec le peuple cubain "Cuba si, Castro no", organisée par Reporters sans frontières et l'association Sin Visa. Elle se déclare hostile au régime de Fidel Castro. Après une projection des images du procès d’Arnaldo Ochoa Sánchez, Catherine Deneuve lit un extrait d'un discours de Fidel Castro prononcé en janvier 1959, rappelant ses contradictions et ses dérives dictatoriales.

> Soutien aux otages français : En 2004, Catherine Deneuve enregistre des messages de solidarité destinés à Christian Chesnot et à Georges Malbrunot, détenus en otage en Irak. L'année suivante, elle participe à une soirée de solidarité pour Florence Aubenas, enlevée en Irak.

> Opposition à la loi Hadopi : Le 7 avril 2009, elle cosigne une lettre ouverte s'élevant contre la loi Création et Internet, avec Chantal Akerman, Christophe Honoré, Jean-Pierre Limosin, Zina Modiano, Gaël Morel, Victoria Abril, Louis Garrel, Yann Gonzalez, Clotilde Hesme, Chiara Mastroianni, Agathe Berman et Paulo Branco.

> Handicap, douleur, et victimes civiles : En 2003, Catherine Deneuve enregistre un spot radiophonique encourageant les donations pour lutter contre la douleur dans le monde et aider les victimes des mines anti-personnel. En 2005, elle enregistre des spot radio, TV et cinéma, dénonçant l’utilisation des BASM (bombes à sous-munitions).

> Soutien aux sans-papiers et désobéissance civile : Catherine Deneuve signe l'appel contre la loi Debré, initié par des cinéastes français, au motif que la loi abrogeait « la tradition d'hospitalité et encourageait la délation », et qu'elle « flattait ce qu'il y a de moins beau chez les hommes ». L'actrice expliquera en 1997 : « Ce n'est pas un acte de désobéissance, c'est un refus d'obtempérer à une loi qui ne devait pas exister dans l'état où elle était projetée. Ne serait-ce que cette idée qui consiste à demander aux citoyens de se substituer à l'État. Si on est complice de ça, je ne vois pas pourquoi il n'y aurait pas une contagion, avec des vigiles, des comités de quartier, des milices privées légales ».

> Mariage pour tous : En mai 2013, en plein débat sur le mariage gay, interrogée sur le plateau de l'émission Le Petit Journal, Catherine Deneuve dit être « perplexe » à propos de l'ouverture du mariage aux couples homosexuels. Elle dit : « Je ne comprends pas pourquoi on veut se marier quand tous les gens divorcent. C'est bizarre. » Elle aurait préféré voir élargir le PACS. Cependant, elle affirme son soutien à l'ouverture du droit à l'adoption pour les couples homosexuels. L'actrice précise ensuite sa pensée dans le magazine Télérama : « J'avais dit mes doutes sur le mariage en général, institution dont les hétérosexuels cherchent plutôt à s'émanciper, vu la proportion de divorces. Le mariage a été inventé pour protéger la femme qui ne travaille pas. C'est un modèle ancien. Ça m'embête de voir maintenant la famille traditionnelle se dresser pour empêcher l'évolution de la société. Il faut apprendre à vivre avec la réalité d'aujourd'hui ».

Approche de son travail d'actrice

Faisant le distinguo entre « vouloir être regardée » et « subir le regard des autres », Catherine Deneuve a toujours refusé de jouer au théâtre, évoquant sa peur du public et du rapport frontal avec les spectateurs :

« Je sais que c'est en contradiction avec mon métier, mais un regard posé sur moi me gêne. C'est sans doute pour ça d'ailleurs que je ne veux pas faire de théâtre. (...) Tous les acteurs que je connais, et qui font du théâtre, me disent que c'est un moment extraordinaire et merveilleux, en dépit du trac, quand ils montent sur scène. Moi, ça me semble une chose impossible, surhumaine. »

Ironie du sort : lorsque l'actrice se résout enfin, en 2009, à monter sur scène pour une lecture de Je me souviens de Georges Perec lors d'un festival culturel en Toscane, elle est sifflée par le public. Les manifestations de mécontentement - qui nécessiteront l'intervention de la police - ne visaient pas la qualité de son jeu, mais le fait que le spectacle soit proposé en langue française sans sous-titre, alors que les spectateurs ne s'y attendaient pas.

Sa défiance naturelle vis-à-vis du théâtre n'est cependant pas qu'anecdotique. L'actrice peut être considérée comme l'archétype de l'actrice de cinéma (en opposition à l'actrice de théâtre), et plus encore de la star - l'une des rares actrices françaises à pouvoir revendiquer ce statut. Le cinéaste Benoît Jacquot dit d'elle qu'elle « possède une puissance ­cinématographique à peu près sans égale». 
Son jeu est de nature plutôt minimaliste, préférant en faire moins que trop. Arnaud Desplechin dit à ce sujet :

« Dans ses manuscrits, Henri Beyle (Stendhal) raturait chacune de ses phrases qui avait le mauvais goût de faire douze pieds ; il préférait retrancher un peu, ou ajouter une conjonction fade, pour obtenir neuf pieds ou treize, plutôt que la pompe d'un alexandrin et son hémistiche attendu. Voilà comment joue Catherine Deneuve. »

Bien qu'elle ne possède pas la formation académique d'autres comédiennes (elle n'est jamais allée au Conservatoire, contrairement à nombre de ses consœurs – dont sa propre sœur), son jeu reste technique. Elle aime les contraintes et dit se sentir plus libre quand la scène à interpréter exige un plan séquence, de longs travellings ou des mouvements de caméra compliqués.

Sa voix (« la plus belle du cinéma français, avec celle de Jeanne Moreau, précise, grave comme il faut», a écrit Erik Orsenna est aussi l'un de ses outils privilégiés. L'actrice est connue pour son phrasé rapide et ses brusques changements de rythme. Le cinéaste Jean-Paul Rappeneau dit d'elle qu'elle est « la personne capable de dire le plus de mots dans le moins de secondes possible tout en ne perdant pas une seule syllabe » et André Téchiné précise que « dans certains films, ses partenaires – et, parfois, ses metteurs en scène – ont du mal à la suivre : ils ne vont pas assez vite. Elle dit ses répliques à toute allure et, en même temps, les module. Elle a, donc, la rapidité et le contraire de la rapidité ». 

L'actrice dira à ce propos :

« Truffaut avait une théorie sur mon débit de voix, qui était aussi celui de ma sœur Françoise : l'idée qu'on était d'une famille nombreuse (nous étions quatre filles), et qu'il y avait une telle concurrence pour placer un mot dans les conversations familiales qu'il y avait eu une accélération.»

Récompenses et nominations

Plusieurs fois nominée aux Oscars, elle n’en a obtenu aucun.
  • 1981 : César de la meilleure actrice - Le Dernier Métro
  • 1993 : César de la meilleure actrice - Indochine
  • 1981 : David di Donatello de la meilleure actrice étrangère - Le Dernier Métro
  • Festival de Venise
  • 1998 : Coupe Volpi pour la meilleure interprétation féminine - Place Vendôme
  • Festival de Berlin
  • 2002 : Ours d'argent de la meilleure contribution artistique - Huit femmes
  • European Film Awards
  • 2002 : Prix du cinéma européen pour la meilleure actrice pour Huit femmes
  • 2013 : Lifetime Achievement Award

Autres distinctions 

En 1981, le rosiériste français Meilland honore l'actrice en baptisant une de ses obtentions Catherine Deneuve
1998 : Prix d'honneur du 25e Festival du film de Bruxelles
1998 : Ours d'Or pour l'ensemble de sa carrière, Berlin
1999 : Prix pour l'ensemble de sa carrière (Le Caire)
2003 : Prix pour l'ensemble de sa carrière (Las Palmas)
2005 : Palme d'honneur (Cannes)
2006 : Prix pour l'ensemble de sa carrière (Bangkok)
2008 : Prix du 61e Festival de Cannes pour l'ensemble de sa carrière (avec Clint Eastwood)
2009 : Médaille d'honneur de l'Académie de France à Rome, le 22 avril, à la Villa Médicis, des mains de Frédéric Mitterrand
2011 : Prix d'Honneur du 35e Festival des films du Monde de Montréal
2012 : Chaplin Award, décerné par la Film Society of Lincoln Center, basée à New York

Carrière

A ce jour, Catherine Deneuve a tourné dans près de 140 films. Tous ne sont évidemment pas inoubliables. Nous ne citerons que les plus marquants,  ceux dont nous avons parlé ou ceux que nous aimons particulièrement :

- 1964 : Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy)
- 1965 : Répulsion de Roman Polanski
- 1967 : Les demoiselles de Rochefort (Jacques. Demy)
- 1967 : Belle de jour (Luis Bunuel)
- 1967 : Benjamin ou les mémoires d’un puceau (Michel Deville)
- 1968 : La chamade (Alain Cavalier)
- 1968 : Mayerling (Terence Young)
- 1969 : La sirène du Mississipi (François Truffaut)
- 1970 : Tristana (Bunuel)
- 1970 : Peau d’âne (J. Demy)
- 1975 : Le sauvage (Rappeneau)
- 1980 : Le dernier métro (F. Truffaut)
- 1981 : Hôtel des Amériques (Téchiné)
- 1984 : Fort Saganne (Alain Corneau)
- 1984 : Paroles et musique (Alain Chouraqui)
- 1992 : Indochine (Régis Wargnier)
- 1993 : Ma saison préférée (Téchiné)
- 1998 : Place Vendôme (Nicole Garcia)
- 2001 : Huit femmes (François Ozon)
- 2007 : Persépolis de Marjane Satrapi (voix)
- 2008 : Un conte de Noël (Arnaud Desplechin)
- 2010 : L’homme qui voulait vivre sa vie (Eric Lartigau)
- 2010 : Potiche (F. Ozon)
- 2011 : Les yeux de sa mère (Thierry Klifa)
- 2011 : Les Bien-aimés (Christophe Honoré)
- 2014 : Dans la cour (Pierre Salvadori)
- 2015 : La tête haute (Emmanuelle Bercot)
- 2017 : Sage-femme (Martin Provost)
- 2017 : Tout nous sépare (Thierry Klifa)
- 2019 : La dernière folie de Claire Darling (Julie Bertuccelli)
- 2019 : L'adieu à la nuit (André Téchiné) 
- 2019 : Fête de famille (Cédric Kahn)
- 2019 : La vérité (Hirokazu Kore-Eda)

[Cet article est en grande partie repris de l’article beaucoup plus développé qui est consacré à Catherine Deneuve sur Wikipedia]