jeudi 1 janvier 2015

HOMMAGE A THEO ANGELOPOULOS




J'ai appris aujourd'hui [1ère publication de ce billet 25 janvier 2012]  la mort à 76 ans, du cinéaste grec Theo Angelopoulos, mardi 24 janvier au soir, après avoir été renversé par une moto dans une rue du Pirée alors qu'il tournait son dernier film, intitulé L'autre mer.

C'est un coup dur de plus pour la Grèce, qui souffre terriblement depuis la mise sous tutelle de son économie par le FMI et l’Europe en 2010, car elle vient de perdre son plus grand cinéaste. Theo Angelopoulos, de son vrai nom Theódoros Angelópoulos (en grec : Θεόδωρος Αγγελόπουλος) était né à Athènes le 27 avril 1935. Il  y est mort dans un accident stupide le 24 janvier 2012.

Après avoir commencé par des études de droit à Athènes, Theo Angelopoulos vient à Paris en 1961. Il étudie d'abord à la Sorbonne la philosophie et le cinéma. L'année suivante, il entre à l’IDHEC (aujourd'hui La Fémis). Il en est renvoyé pour « non conformisme » dès la fin de sa première année mais tourne avec des condisciples de l'IDHEC sa première œuvre En noir et blanc qui ne sera jamais terminée par manque de moyens. 

De retour à Athènes, il devient critique cinématographique au quotidien Demokratiki Allaghi de 1964 à 1967 jusqu’au coup d’État des Colonels du 21 avril 1967.

Entre 1970 à 1980, son cinéma est marqué par la dénonciation de la dictature des colonels. La trilogie, débutée en 1972 par Jours de 36, poursuivie trois ans plus tard avec Le Voyage des comédiens puis achevée en 1977 par Les Chasseurs évoque la mise en place du régime du 4-Août de Ioánnis Metaxás, puis les années d'occupation et de guerre civile et enfin la domination politique de la bourgeoisie choisissant la dictature des colonels par peur du communisme, avec les conséquences que l’on sait pour la démocratie grecque. 

En 1980, son Alexandre le Grand renverse le point de vue et s'intéresse à la dérive dictatoriale de l'idéologie socialiste confrontée aux exigences de l'exercice du pouvoir.

Après le retour de la démocratie en Grèce, Angelopoulos réalise des films plus introspectifs et difficiles pour le grand public (Voyage à Cythère 1983, L’Apiculteur 1986 et Paysage dans le brouillard 1988) mais le discours politique est toujours sous-jacent à l'expérience individuelle et intérieure. Devant l’échec de la gestion de son pays par le Pasok (socialiste) de Papandreou, Angelopoulos pense que, si la politique ne peut transformer le monde, l'enfance sera capable de le recréer.

Qu’on ne cherche pas, dans le cinéma d’Angelopoulos, l’image de la Grèce clinquante et superficielle, du soleil et des stations balnéaires, que s’en font les touristes. Angelopoulos filme la Grèce du nord, celle des Balkans, avec son histoire tourmentée, sa pauvreté, ses paysages froids et désolés, souvent noyés dans la pluie et le brouillard. Le Regard d’Ulysse se passe en pleine guerre de Yougoslavie et au milieu des combats de Sarajevo.

Le travail d’Angelopoulos, très exigeant, avec des plans séquence qui n'en finissent pas (l'exemple-type étant celui, interminable, des télégraphistes dans Le pas suspendu de la cigogne, 1991), peut, pour la plupart des spectateurs, être insupportablement ennuyeux mais les plus prestigieux jurys, trop souvent aveuglés par le snobisme et les coteries, ne s'y sont heureusement pas trompés puisque Le Regard d'Ulysse, qui est sans doute son chef-d’œuvre, a reçu la Palme d’Or au Festival de Cannes 1995, exploit renouvelé en 1998 pour L'Éternité et Un Jour.

Angelopoulos fait alors une pause dans son parcours et ne revient à la réalisation qu'en 2004 avec Eléni, premier volet d'une trilogie sur le XXe siècle à travers une histoire d’amour. Son dernier film, La Poussière du temps, deuxième opus de sa trilogie Eléni, réalisé en 2008, n'est, à ce jour, malgré la notoriété de son réalisateur, jamais sorti en France. Dans sa carrière, Angelopoulos aura réalisé 14 films. Son 15e restera à jamais inachevé comme l'avait été son premier. 

Terrible ironie que de laisser sa dernière œuvre inachevée pour un réalisateur dont l'un des thèmes de prédilection est justement l'incapacité de l'homme à aller au bout de ses ambitions. 

Souvent considérée comme difficile, l’œuvre de Theo Angelopoulos est celle d'un cinéaste poète et esthète, pape d'un cinéma contemplatif et existentiel.

1 commentaire:

  1. Commentaire de Dasola
    Re-bonsoir Rock07, encore un grand réalisateur qui disparaît. Ce décès accidentel est vraiment injuste. Le film que j'ai apprécié de ce réalisateur c'est Le Regard d'Ulysse qui est accessible avec
    un Harvey Keitel remarquable. Bonne soirée.

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